mardi 8 juin 2010

Expéron


Expéron
Auteur : Hélène Cruciani
Editeur : Griffe d’encre éditions
Nombre de pages : 245
4ème de couverture :
Ange est un petit garçon étrange. À dix ans, il ne sait ni lire, ni parler. Comme si l’aridité des mots l’avait poussé à se réfugier dans les bras grands ouverts de l’image.
Son arrivée en neurologie pour une ultime consultation emplit le docteur Sollow d’espoir. Et si Ange était l’atout qu’il attendait pour relancer EXPÉRON, cet ambitieux projet de recherche qui lui tient tant à coeur ?
Très vite le garçonnet l’accapare, l’obsède.
À tel point que Sollow en oublie l’autre, l’enfant que sa femme, Annabel, désire plus que tout au monde. Elle a pourtant trente-huit ans, l’âge où le temps presse. Que se passera-t-il si elle n’obtient pas le diplôme l’autorisant à procréer ?
À cette question-là, le brillant chercheur donne une bien mauvaise réponse…
Mon appréciation :
Nous sommes à Lyon en 2054, donc guère plus tard que demain. Les voitures sont à commande vocale, l’éthylotest systématique, la domotique est généralisée, et il faut un diplôme pour pouvoir devenir parent Cinq ans d’études sont nécessaires, la psychanalyse obligatoire à chaque individu pour obtenir AAE (le diplôme d’aptitude parentale) .Au sein d’un couple c’est celui qui le détient qui aura la responsabilité de cet enfant choisi avec l’aide d’un généticien..
Passer outre cette obligation, revient à concevoir, naturellement, un ENA, autrement dit, un enfant non autorisé, retiré à ces parents et promis à l’adoption.
Annabel et Andy Sollow forment un couple mal assorti. Lui, est accaparé par ses expériences scientifiques et en particulier par le petit Ange qu’il a inclus dans son programma Expéron devant permettre l’acquisition de la connaissance grâce au transfert de cellules cognitives. Quant à Annabel, son désir d’enfant est tel qu’elle en vient à tenter le tout pour le tout, qui à se voir subtiliser l’enfant.
C’est mon tout premier livre de science- fiction. Je pensais, benoitement, que ce genre n’offrait pas matière à réflexion…..bien mal m’en a pris.
L’auteur nous présente un monde à 40 ans de distance du nôtre .L’évolution est tout à fait plausible.
La relation homme /femme, telle qu’elle est présentée, est assez pessimiste, car elle ne va pas dans le sens de l’égalité et de la parité. Il en va de même de l’égalité devant l’enfant : il y a ceux qui parviennent à obtenir leur examen, et les autres……
La place laissée aux libertés individuelles laisse beaucoup réfléchir, et ce livre me rappelle, dans des moindres mesures, 1984, puis que la dénonciation est monnaie courante.
Quelle place laisse t-on à l’affect et à l’amour ? Les enfants sont le résultat d’une sélection génétique.
A titre personnel, ce qui m’a le plus interpellée sont les problèmes d’éthique : jusqu’où doit aller la science ? Le désir d’enfant peut-il autoriser toutes les dérives ?
Où s’arrêtera l’Homme dans sa course effrénée vers le « progrès » Je suis déjà très sensibilisée en 2010 de toutes ses questions, et j’avoue être un peu effrayée par ce que j’ai lu. Ce livre a beau être une fiction, sa grande force est sa faculté de projection. Toutes les avancées sont plausibles et largement envisageables…alors pourquoi pas celles en matière de procréation ?
Sur le plan rédactionnel, ce roman est bien rédigé, facile à lire et d’une écriture fluide. Il est divisé en quatre chapitres, assez équilibrés par leur volume. L’auteur a eu la bonne idée de glissée en fin de volume un lexique des abréviations utilisées (ce qui est aussi révélateur de ce qu’est le monde scientifique).
Je remercie chaleureusement BOB et les éditions Griffes d’encre pour ce partenariat dont j’ai pu bénéficier

PAL-Summer Challenge 3/18

1 commentaire:

  1. Je ne savais pas que l'histoire se déroulait si proche dans le temps ! Tu as raison, la perspective est toute autre comme ça. D'ailleurs ton article me conforte plus encore dans mon envie de lire ce livre ^^

    RépondreSupprimer