dimanche 1 août 2010

Les hirondelles de Kaboul





Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Taliban veillent. La joie et le rire sont devenus suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Toute fierté l'a quitté. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis ? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore...


« De plus aucun homme ne doit quoi que ce soit à une femme. Le malheur du monde vient de ce malentendu » p25
« Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l’on doit cacher telle une infirmité. C’est trop dur à assumer » p62
« C’est toi qui a besoin d’attention, pas elle. (…).Résultat, ça t’a fragilisé, et il a suffit à une chienne mal odorante de gémir pour te fendre l’âme. Laisse-la crever. Je t’assure qu’elle est à sa place là où elle est. Après tout ce n’est qu’une femme. » p121
Trois phrases qui m’ont marquée, tout comme hier matin j’ai été confrontée de près, à une ombre en noir, un fantôme dans les rues de ma ville.
Un livre puissant, bouleversant, dont les mots donnent parfois la nausée tant ils sont durs. C’est hélas une vérité ; une vérité qui doit être dite, criée même.
Kaboul, l’armée russe est partie, les talibans ont pris le relai, et instaure un régime de terreur au nom d’un Dieu et d’une foi, d’une « vérité » qu’ils pensent détenir. La ville est anéantie, les Hommes aussi, les Femmes sont emmurées chez elles, ou engrillagées dans un linceul bleu qui les isole du monde telles des pestiférées, des encore moins que rien.
Chacun résiste à sa façon, mais pour combien de temps ?
Yasmina Khadra, dont c’est mon premier livre, a su me toucher au cœur avec ce court mais intense récit.
Mesdames, Messieurs, mettons nos petites querelles politiciennes de côté pour refuser haut et fort chez nous, ce qui nous apparaît comme inacceptable ailleurs.

Yasmina Khadra-Pocket( Julliard)-148 pages

Summer -PAL-challenge: la pile compte 45 ouvrages

4 commentaires:

  1. un livre vraiment poignant, que j'ai lu il y a peu, mais auquel je pense encore !

    RépondreSupprimer
  2. J'avais adoré ce livre ! Quelle baffe !

    RépondreSupprimer
  3. C'est également le premier livre de Khadra que j'ai lu et il m'a tout simplement bouleversé ! Un coup de cœur pour moi !

    RépondreSupprimer
  4. Je viens de finir ce livre et je n'ai pas aimé. Je trouve déplacé pour un homme de parler au nom des femmes afghanes...Qu'est-ce qu'il en sait finalement? Qu'est-ce que nous en savons ? Et je pense aussi qu'il ne faut pas tout mélanger : porter le tchadri en Afghanistan, ce n'est pas la même chose que le porter en France...A mon avis...mais je n'en sais rien finalement...Je pense qu'il faut d'abord essayer de comprendre ce qui nous parait inacceptable ailleurs avant de choisir de le refuser haut et fort.
    Je provoque un peu et m'en excuse mais si cela peut permettre l'échange...

    RépondreSupprimer