jeudi 11 novembre 2010

Confidence africaine



« Je lisais tranquillement : tout à coup, je l'ai vue écarter mon rideau, bondir vers moi et renverser mon chandelier d'un coup de poing. Ah, ça n'a pas été long ! Je ne me possédais plus. En deux secondes j'étais debout et je l'empoignais à bras-le-corps. Que s'est-il passé au juste ? J'essaye de me rappeler tout, le mieux possible. On était dans l'obscurité. Je rageais pour de bon. Elle aussi. C'était une gaillarde solide. Je m'efforçais de la maîtriser, de la jeter par terre, avec le désir très net de cogner dessus et de lui enlever l'envie de recommencer. On était tous les deux en chemise, pressés l'un contre l'autre dans le noir, et on luttait comme deux forcenés. »
Il y a des textes qui n’ont besoin de rien d’autre que ce que l’auteur a bien voulu en mettre.
Ce livre est court, trop court, diront certains, juste ce qu’il faut à mon humble avis pour déceler chez son auteur la finesse du verbe, le choix précis du vocabulaire, la sobriété du style. Juste assez pour me donner envie de poursuivre dans son œuvre.
C’est Katherine Pancol dans Un homme à distance, qui me mettra l’eau à la bouche.
Roger Martin du Gard relate dans ces quelques pages les confidences d’un ami. Tout en retenue, tout en délicatesse, il réussi à faire comprendre au lecteur de quoi il s’agit. Jamais il n’intervient, il écoute avec attention, simplement, sans juger.
Je ne peux rien dévoiler de l’histoire sous peine d’en rompre le « charme ».
Une déclaration à laquelle j’adhère totalement.
« J’aime les gens simples et francs, qui sont ce qu’ils sont et se donnent pour tels, sans camouflage. » p 31
Roger Martin du Gard-Gallimard-88 pages
Quelques mots à propos de l'auteur
Auteur marquant de la première moitié du XXe siècle, l'oeuvre de Roger Martin du Gard intéressa tant l'avant-garde littéraire que le grand public. Si ses romans paraissaient relever d'une tradition classique, certains comme Camus ont vu en Martin du Gard un véritable annonciateur de la littérature de la seconde moitié du XXe siècle. Fils d'une famille de magistrats, il obtient un diplôme d'archiviste paléographe à l'Ecole des chartes en 1905. C'est son premier grand livre, 'Jean Barois', qui le fait remarquer des dirigeants de la NRF. Après la guerre, il se consacre à l'écriture d'un grand roman de douze tomes 'Les Thibault'. Il ne met fin à cette entreprise qu'en 1937 avec le dernier tome, 'L' été 1914'. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1937 pour l'ensemble de son oeuvre, qui compte aussi des 'farces paysannes' et des nouvelles. C'est à Nice, qu'il a rejoint lors de l'occupation allemande, qu'il entreprend son dernier roman, laissé inachevé, 'Souvenirs du colonel de Maumort'.

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