dimanche 13 février 2011

Pour l'amour du père




Quand elle était enfant, le père a dit Alice : « Si tu as de la chance avec toi, tout ce que tu entreprendras réussira… »Cette phrase a obsédé Alice comme une énigme qu’il faut résoudre. Elle est de venue avocate. Mais a-t-elle réussi sa vie ? Avec ses sœurs, le temps a été impitoyable. Juliette est veuve. Edmée, mal mariée, lit des romans-photos se lance avec passion, dans une liaison avec un étudiant de 18 ans. Leurs enfants sont en pleine révolte. Comme l’avait été Sassou, la quatrième sœur, Sassou que le père a chassée. Depuis, personne n’a eu de ses nouvelles. Est-elle morte ? Est-elle encore vivante ? Lorsqu’ils ont quitté la Tunisie, trente ans plus tôt, un mince anneau d’or, l’alliance du père, a été empochée par un douanier. Et l’histoire qui nous force à répéter les gestes anciens poussera Edmée à donner à Alice son alliance et sa bague afin qu’elle les vende.
Comment s’affranchir du passé sans renier l’amour du père ?
Ceci est mon troisième roman de Chochana Boukhobza ; il précède 6 ans auparavant sous les étoiles, l’avant dernier. Si dans celui-ci, la plume est moins travaillée que sous les étoiles, et le troisième jour, on retrouve bien cette manière à la fois simple et complexe de dire les choses avec des mots simples, des phrases courtes, rendant le tout très efficace.
On y retrouve les thèmes communs à savoir la transmission, l’héritage familial immatériel, l’exil.
La fin du roman est largement ouverte. Nous suivons le parcours de vie de 4 sœurs, venues avec leur père en France. L’exil commençait. Des 4 sœurs nous n’en verrons que 3, mais la quatrième nous n’aurons que des bribes d’informations. D’ailleurs personne ne sait ce qu’est devenue Sassou. Et c’est bien là le drame. Elle hante tout le monde, mais personne n’en parle. D’ailleurs, chacun a sa version de l’histoire.
«Il pleure en parlant. Il s’essuie les joues, mais les larmes coulent sans qu’il puisse les retenir. Il dit qu’il l’avait prévenue, le seul nom de Sassou, c’est comme une écharde dans les yeux. »
Et si c’était Sassou qui pouvait faire revenir un peu de bonheur dans cette famille écorchée ?
Il y a bien un frère, mais lui, est parti gagner sa vie dans Kibboutz. Il est loi, et revient peu.
Les trois sœurs ont eu des vies différentes, on fait leurs choix, plus ou moins malheureux. Le père les aime, mais comme beaucoup d’hommes, ne dit rien, puis que c’est évident. Il a du mal à comprendre les chemins de chacune d’elles. De leur côté elles souhaitent vivre à leur façon, mais comment ne pas trahir l’héritage familial ? Comment garder le cap, tout en prenant une direction différente ?
Il n’y a pas de réponses, que des amorces, c’est en cela que j’y ai vu une fin ouverte. Cependant, les personnages évoluent, et s’ouvrent au dialogue, se laissent aller, le père s’autorise à parler de leur mère, très tôt disparue tout en restant énigmatique.
« L’amour que j’ai eu pour ta mère m’a couté deux filles. »
Chochana Boukhobza-Seuil-188 pages

3 commentaires:

  1. Je dois avouer que je ne connais pas du tout cette auteure... je devrais peut être me laisser tenter :)
    merci de cette découverte, et bonne soirée

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  2. Bonjour,
    Je souhaiterai vous inviter à un évènement cinématographique dans votre région le 19 février prochain. Pourriez-vous me contacter par mail : samanthag1402@gmail.com
    merci d'avance
    Cordialement

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  3. Bonsoir Mimi.... mais où vas-tu trouver toutes ces lectures!! Celle-ci me paraît vraiment bien et profonde!
    Merci pour cette présentation
    Natou

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