mercredi 1 juin 2011

Le message


En été, dans un pays en guerre, une jeune femme est blessée par une balle alors qu'elle essayait de rejoindre Steph, qui habite de l'autre côté de la ville. À vingt minutes à pied d'ici, Steph l'attend. Dans sa dernière lettre, il lui demande de laisser de côté leurs vieilles querelles et de vivre l'indéfectible amour qui, depuis toujours, les unit. Arrêtée dans sa course par la balle d'un franc-tireur, Marie n'a qu'une seule idée en tête : lui faire parvenir un message pour lui dire qu'elle venait... qu'elle l'aime.
C’est court, c’est intense, et c’est fort. Je rencontre Andrée Chedid avec ce roman magnifiquement écrit.
J’ai couru avec Marie qui allait au devant de son amoureux, j’ai peiné avec Marie à terre, une balle dans le dos. J’ai couru à nouveau avec Anya à la recherche de Steph. J’ai espéré avec Anton pour Marie. J’ai encore couru avec Gorgio à la recherche d’une ambulance. J’ai couru avec Steph à la recherche de Marie.
Chacun court, chacun cherche, chacun lutte à sa façon au nom de l’amour.
Andrée Chedid réussit à mettre le rythme idéal dans son écriture en fonction des situations. Celle ci se fait lente dans les bras d’Anton, et s’accélère dans les rues de cette ville dont on ne connaît ni le nom, ni la localisation, lorsqu’il s’agit d’aller à la rencontre de Steph, ne pas le manquer.
Pour mieux fixer le lecteur sur ses personnages, qui chacun à leur façon débordent d’humanité, André Chedid s’affranchit des contraintes temporelles et spatiales. A peine si nous avons qu’ils connaissent Souchon et Chedid parce qu’Anya les chante…Sinon c’est au lecteur de faire appel à son imagination.
L’important pour Marie est que Steph ait son message, que Marie sache que Steph ait son message.  Dans cette ville en guerre civile, le reste n’est que pur détail.


Andrée Chedid-J'ai lu n°6321-125 pages
Née en Égypte mais d'origine syro-libanaise le 20mars 1920, Andrée Chedid est mise en pension chez les Soeurs du Sacré-Coeur à l'âge de 10 ans. Elle apprend l'anglais et le français mais exprime sa tendresse en mots arabes. A 14 ans, elle gagne l'Europe puis revient au Caire pour étudier dans une université américaine. En 1942, elle part vivre au Liban avec son mari et publie l'année suivante un premier recueil de poèmes en anglais. En 1946, elle s'installe définitivement à Paris. Pour y avoir vécu et fait des études, elle connaît aussi intimement le Moyen-Orient que la France et l'Occident en général, et son oeuvre entière porte les marques de ce multiculturalisme. De même, la plupart de ses intrigues se situent en Orient, notamment dans son pays d'origine, le Liban. L'oeuvre d'Andrée Chedid est une éternelle quête d'une humanité, un questionnement ardent sur la condition humaine entrevue à travers les heurts de civilisations du monde méditerranéen. Tous ses livres sont habités d'une foi profonde en l'homme, d'un espoir que l'on rencontre, par ailleurs, dans ses nouvelles (' Le Corps et le Temps', 1979) et dans son théâtre (' Bérénice d'Egypte', 1968). Aujourd' hui elle occupe une place de choix parmi les auteurs français contemporains. Romancière, nouvelliste, dramaturge et surtout poète, ses nombreux ouvrages en prose ou en vers lui ont valu d'importants prix littéraires, dont le Goncourt de la nouvelle, le Prix Louise Labé et le Prix Goncourt de poésie en 2003.
Elle décède à Paris le 6 février 2011
Lecture autour de Andrée Chedid avec Sylire


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