mercredi 17 août 2011

Le Turquetto

Se pourrait-il qu'un tableau célèbre – dont la signature présente une discrète anomalie – soit l'unique oeuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne ? Un égal du Titien ou du Véronèse ? Né à Constantinople en 1519, Elie Soriano a émigré très jeune à Venise, masqué son identité, troqué son nom contre celui d'Elias Troyanos, fréquenté les ateliers de Titien, et fait une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto : le "Petit Turc", comme l'a surnommé Titien lui-même. Metin Arditi retrace le destin mouvementé de cet artiste, né juif en terre musulmane, nourri de foi chrétienne, qui fut traîné en justice pour hérésie…
Il est vraiment dommage que la 4ème de couverture en dise un peu trop.Je ne m’appesantirai donc pas sur l’histoire en elle-même. Metin Arditi, dont je découvre ici l’univers et la plume, nous offre un roman sur une base historique, et artistique : celle d’un peintre de la renaissance, entre Venise et Constantinople, où nous suivons très bien le bouillonnement artistique, l’obscurantisme religieux alors que la Réforme bat son plein ailleurs et que l’Eglise catholique tente de garder la suprématie sur les âmes et sur le cours des choses.
L’art et la Religion, ses interférences, la place des juifs dans la cité, la persécution qui leur était, déjà ,si je puis dire, infligée, les relations sulfureuse entre le monde de l’art, de la politique et le de la gouvernance religieuse sont les point forts de ce roman écrit sous un rythme idéal : ni galopant ni somnolant. Le roman est découpé en 4 parties équilibrées, qui correspondent aux 4 étapes de vie du Turquetto. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une lecture passionnante car instructive, agréable puisque le style est élégant sans ostentation ni prétentions inutiles.
Encore une fois les éditions Actes Sud présentent un ouvrage soigné, avec une touche d’originalité non négligeable, et dont la couverture qui n’est autre que le tableau en question est à elle seule une invitation qui ne se refuse pas.
 Je prendrai volontiers, un jour prochain, le chemin vers un autre ouvrage de Metin Arditi.
Metin Arditi-Actes Sud (17/08/2011)-285 pages


Né à Ankara en 1945, écrivain suisse
Ecrivain, homme d'affaires et mécène passionné de musique, Metin Arditi arrive en Suisse alors qu'il est encore enfant. Après des études de génie atomique à l'Ecole polytechnique de Lausanne, il apprend le métier des affaires à l'Université de Stanford aux Etats-Unis. C'est lors de son retour à Genève, où il s'installe, qu'il fonde une société d'investissements immobiliers, avant de créer la Fondation Arditi et de présider l'Orchestre de la Suisse Romande. Il publie alors son premier roman 'Mon cher Jean... de la cigale à la fracture sociale' en 1998, qui sera suivi de plusieurs œuvres récompensées telles 'La Pension Marguerite', Prix Lipp Suisse 2006, ou encore 'L' Imprévisible', publié la même année, et 'La Fille des Louganis' (2007). La rentrée littéraire 2009 est l'occasion de découvrir 'Loin des bras', aux éditions Actes Sud, qui évoque les années passées par Metin Arditi au pensionnat.

Lu dans le cadre du jury du prix du roman Fnac 2011


2/7 dans le cadre du challenge 1% littéraire organisé par Hérisson          

4 commentaires:

  1. Il me semble que tu as été sacrément veinarde dans ta sélection des romans FNAC.

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  2. Bonjour,
    Si vous aimez les livres traitant de communautés juives ou chrétiennes du Moyen Orient, je vous recommande La Remonté du Nil, retour aux sources d'un Juif arabe. Il dresse un portrait magnifique de l'Egypte du 19ème et du 20ème siècle, jusqu'à la prise du pouvoir par le président Nasser. J'ai beaucoup aimé les descriptions et l'ambiance de cette époque où les trois communautés chrétiennes, juives et musulmanes vivaient en bonne harmonie. L'écrivain est un suisse : Nabil Malek. René Parodi

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