mercredi 4 janvier 2012

Le sillage de l'oubli


Je tiens à remercier Marie-Anne Lacoma des éditions Gallmeister pour sa confiance et l’envoi de ce livre.J'ai apprécié chacune de leurs publications, et celle -ci ne fait pas exception.
Premier roman de l’auteur, le sillage de l’oubli, laisse présager à de futurs chefs- d’œuvres. C’est avant tout l’écriture qui marque : ciselée, précise, détaillée, imagée, élaborée. Elle peut parfois essouffler, tant les phrases sont longues, et construites… Mais elle met tellement les sens en éveil qu’on en oublie assez vite cela, pur se laisser aller à visualiser ce coin de Texas où les hommes sont durs à la tâche, durs avec leurs femmes, leurs chevaux. Le cheval…personnage  à lui tout seul tant il est présent dans la vie de ces gens du bout du monde. Son œil vous intrigue d’ailleurs avant même d’avoir ouvert l’ouvrage.
Gallmeister, dans ses parutions, laisse la Nature s’installer dans la littérature. Ce fut la cas avec  les romans policer du regretté Mr Tapply. C’est encore plus vrai, ici, où les hommes ne sont qu’une composante parmi d’autre dans ces paysages grandioses, entre rivières et champs où paissent chevaux et bovins, en compagnie du grand-duc aux yeux d’ambre prêt à se jeter sur l’opossum….
Il y a une force descriptive frappante dans cette écriture qui agrippe le lecteur jusqu’à la fin.
Et l’humain dans tout cela ? Des êtres blessés, qui tentent, avec le temps d’apaiser leurs frustrations, et leurs déchirures. Des femmes dociles,  rebelles et libres  à la fois. Tout comme les paysages, les personnages sont disséqués avec minutie, dans un vocabulaire riche. Le traducteur a fait un superbe travail.
J’ai aimé la narration sur 3 époques, assurant un ouvrage aéré, et compensant la puissance narratrice, qui sur un roman linéaire aurait peut-être pu paraître plus lourd.
Un passage, entre autre dont j’ai aimé la beauté….
« Pendant ce temps, le grand-duc aux yeux d’ambre, perché bien à l’abri sur la branche basse d’un gommier, lisse ses plumes qui ruissellent d’eau de pluie. Sur l’autre rive, près de l’enchevêtrement de racines de chênes aquatiques et de pins, là où des empreintes de bottes sont imprimés dans la vase, le rapace remarque les plus imperceptibles mouvements dans la danse des pousses de pâturins, devinant grâce à un frisson instinctif dans les fibres de ses muscles que la pluie et le vent couchent les brins d’herbe les plus hauts, tandis que la course effrénée d’un rongeur ou le mouvement vif d’une queue ne manque jamais de faire relever les tiges des roseaux. »
 Bruce Marchart
Gallmeister;collection Nature writting (5/01/2012)
334 pages

4ème de couverture :
Texas, 1895. Un propriétaire terrien voit la seule femme qu'il a jamais aimée mourir en mettant au monde leur quatrième fils, Karel. Vaincu par la douleur, l'homme entraîne ses enfants dans une vie austère et brutale. Pour lui, seuls comptent désormais ses chevaux de course montés par Karel, et les paris qu'il lance contre ses voisins pour gagner toujours plus de terres. Mais l'enjeu est tout autre lorsqu'un propriétaire espagnol lui propose un pari insolite qui engage l'avenir des quatre frères. Karel s'élance dans une course décisive, avec pour adversaire une jeune fille qui déjà l'obsède.
Premier roman éblouissant, Le sillage de l’oubli a valu à son auteur d'être comparé par une presse américaine enthousiaste à William Faulkner. À travers une écriture vertigineuse, Bruce Machart dresse le portrait sans concession d'une famille déchirée en quête de rédemption.
A propos de l'auteur:
Bruce Machart est né au Texas. Son père était agriculteur dans une contrée rurale proche  du comté de Lavaca, où se déroule l'intrigue du Sillage de l'oubli. Il publie en 2011 ce premier roman puis un recueil de nouvelles, Men in the Making. Lors de sa parution, Le Sillage de l'oubli est accueilli par une presse enthousiaste qui trouve dans son univers des accents de Faulkner. Bruce Machart vit et enseigne à Hamilton dans le Massachusetts.


Pour l'état du Texas dans le challenge de Sofynet 14/51


 Voilà de quoi alimenter le challenge d 'Anne consacré aux premiers romans

6 commentaires:

  1. Tu participes aussi à 50 états ! Je me suis inscrite lundi, j'ai craqué !! Donc ce livre m'intéresse, je le guignerai... Tu es tellement enthousiaste !

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  2. Un roman superbe! Et pour le défi, chez le même éditeur, il y a Texasville.

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  3. Oui, un excellent premier roman ! Je l'ai adoré aussi !

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  4. Livre passionnnant.Et j'avais aussi repéré cet extrait.

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  5. Un roman magnifique. Tu as raison d'insister sur le coté très visuel de l'écriture, c'est pour moi le point fort de ce texte. Mon avis : http://litterature-a-blog.blogspot.com/2012/02/le-sillage-de-loubli.html

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  6. Un roman qu'il faudrait que je lise ! Hop, billet ajouté !!

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