samedi 28 janvier 2012

Salam Gaza


Avant toute chose, je remercie vivement Libfly pour cette opération découverte de la littérature du Maghreb grâce à deux maisons édition. Pour l’ouvrage ici présenté, il s’agit de Elyzad maison tunisienne ; l’exemplaire qu’il m’a été offert de lire est du bel ouvrage : papier épais, ivoire, tramé, un format qui n’est pas sans rappeler Acte Sud. Un livre que l’on prend autant plaisir à contempler qu’à lire.
Sur une période de de 13 mois, sous la forme d’un journal, Tahar Bekri, nous livre sa vision, son ressenti d’un énième conflit Israélo-palestinien. Tel un écorché vif, ivre de paix et d’harmonie, il dénonce la violence, l’acharnement, la lente agonie d’un peuple résigné à l’enfermement sur une terre qui est aussi la sienne.
Tahar Bekri, rend d’abord compte du conflit, vu de France, où il vit et travaille. Puis, c’est de l’intérieur, au cœur de cette région aux  multiples frontières, qu’il puisera sa réflexion et poussera ses coups de gueule.
 « Que veut-on ? Que les Palestiniens disparaissent de la carte comme les Indiens de l’Amazonie, ou les anciens Américains ? »
Culturellement, le propos l’auteur est engagé, il a des convictions fortes, et les exprime. Son point de vue est partial, clair, mais profondément humaniste, et intelligent. S’il soutient, la légitimité d’un état palestinien pleinement indépendant, il conteste les actions terroristes menées par "son camp". S’il dénonce ouvertement, ce qu’il considère comme la destruction lente et programmée d’un peuple, et de la violence d’un état, il se garde bien de l’assimiler à une religion qu’il respecte infiniment.
Tahar Bekri met en valeur un certain autisme des gouvernements occidentaux, et une bienveillance sectaire de la part des médiats. En effet, si des accords sont été signés, si des traités de paix existent sur les papiers, nos gouvernants ne sont pas pressés de les faire appliquer.
Que dire des impressions de Tahar Bekri, lorsqu’il se rend à Naplouse, et dans les camps de réfugiés ? La détresse de ces gens est bouleversante. Est-ce que nous, occidentaux, attachés à notre liberté de circulation, nous accepterions le dixième de ce qui est imposé à ce peuple ? N’en arriverions nous pas aussi, à force, à commettre le pire pour nous faire entendre ?
« Comment aurais-je pu imaginer que les Palestiniens vivent réfugiés dans leur propre ville ? »
« La découverte de la ville n’est pas celle d’un touriste mais celle d’un homme indigné, tenaillé entre l’admiration de la grandeur enracinée dans l’histoire et la violence de l’occupation. »
Tahar Bekri a beau exprimer sa colère, sa révolte, ses espoirs de paix, il le fait dans une belle langue. Ses carnets sont parsemés de poésie, la sienne ou celles d’autres. Poète, il  glisse un peu de douceur parmi les brutalités d’une région baignée, trois plus que d’autres, de spiritualité.

NB : J’ai relevé une coquille qui m’a semblée assez importante pour que je me permette de la relever. En effet, page 22 « Le président américain battu, George Walker Bush, est encore en poste pour les affaires courantes, jusqu’au 20 janvier  2009, date d’investiture du nouveau président élu, Barack Obama. »
En réalité George W.Bush, n’a pas été battu, mais, en vertu des institutions américaines, achevant son second mandat consécutif, il ne pouvait en effectuer troisième. C’était donc McCain, qui avait été investi par le parti républicain pour briguer la présidence américaine.

 Salam Gaza,Tahar Bekri
 Elyzad (13/05/2010)
156 pages


4eme de couverture :
Le 27 décembre 2008, l’armée israélienne déclare la guerre à Gaza. La tragédie palestinienne est sans fin, et de guerre en guerre la blessure se fait plus béante. Meurtri, le poète Tahar Bekri note au jour le jour son indignation, échange via Internet avec des intellectuels de toutes origines, dénonce les projets expansionnistes, l’indifférence internationale, ou presque. Qu’en est-il de la conscience universelle ?
Peu après, au mois de mars, il est invité à Ramallah, Naplouse, Jérusalem-Est et Bir Zeit pour un cycle de lectures. Confronté à la réalité de la vie en Palestine occupée, il nous restitue minutieusement son voyage, ses rencontres, ses impressions où affleurent colère et émotion.
Ni stratège ni idéologue, Tahar Bekri livre ici un journal personnel, traversé de poésie, dans lequel s’esquisse une interpellation morale de l’Histoire.

Quelques mots à propos de l'auteur :
Poète né en 1951 à Gabès en Tunisie. Vit à Paris depuis 1976. Ecrit en français et en arabe. A publié une vingtaine d'ouvrages (poésie, essai, livre d’art). Sa poésie, saluée par la critique, est traduite dans différentes langues (russe, anglais, italien, espagnol, turc, etc.). Elle fait l'objet de travaux universitaires.
Son œuvre, marquée par l'exil et l'errance, évoque des traversées de temps et d'espaces continuellement réinventés. Parole intérieure, elle est enracinée dans la mémoire, en quête d'horizons nouveaux, à la croisée de la tradition et de la modernité. Elle se veut avant tout chant fraternel, terre sans frontières. Tahar Bekri est considéré aujourd'hui comme l'une des voix importantes du Maghreb. Il est actuellement Maître de conférences à l'Université de Paris X-Nanterre.







Compte pour le lieu dans le challenge petit bac 2012 organisé par Enna


Troisième escale israélienne, à l'initiative de Lucie.


Pour aller plus loin, d'autres lectures , plus anciennes.....

1. Te retourne pas Handala, Olivier Gérard
2.Le troisième jour,Chochana Boukhobza
3.En retard pour la guerre, Valérie Zenatti
4.Histoire d'une vie, Aaron Appelfeld







Challenge ABC Critiques Babélio: 22/26 [B]

4 commentaires:

  1. Concernant la coquille, je pense qu'il a voulu dire "président sortant" et que sa langue a fourché ! :)

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  2. certainement.....mais cela m'a sauté aux yeux

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  3. Je n'ai pas lu pour ne pas être influencée, sauf le dabut et je pensais le signaler aussi : la qualité du papier !!

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