lundi 13 février 2012

Les jours blancs

« J’aurais pu t’écrire une nuit d’orage, déchirée de pluie, d’odeur de terre trempée. Et  c’est ce jour que j’ai choisi. Un jour blanc d’avant l’été.
J’ouvre les volets en refermant les yeux. Je pense à tout. A rien .Alors je pense à toi. »

Son frère était grand reporter à RTL ; il est mort il y a 10 ans en Afghanistan. Son frère lui manque. Elle lui écrit cette lettre courte et émouvante.
Pierre est l’absent. Et plutôt que de laisser paraitre sa tristesse, légitime, le chagrin, le désespoir, ou tout autre sentiment négatif, Hélène Pradas-Billaud, choisi  de faire renaître l’enfance heureuse qu’elle a passée avec son frère. Nous y découvrons une fratrie soudée (ils étaient 3 : Hélène, Pierre, et Marie-Noëlle), une enfance insouciante faite de joie simples et intenses. Telle une peinture, Hélène Pradas-Billaud pose ici, et là par petites touches tout ce qui fait ses souvenirs, et nourrit son chemin  après la mort de son frère.
« Je n’écris pas pour raconter l’histoire. J’écris sans histoire. J’écris comme on respire. Comme on vit la vie. J’écris le recueil de l’enfance. De l’amour tendre. De ce qui vit dans ton absence. »
« J’écris sur ta présence. J’écris sur ton absence. J’écris sur ta présence absente. C’est ainsi lorsqu’on est disparu. »

Sans rage,  tristesse, ni larmoiement, elle parle de l’absence, et dit le manque de l’autre. Avec peu de mots, des phrases tantôt empreintes d’un certain lyrisme, tantôt taillées au cordeau, elle plonge le lecteur dans une grande sérénité, et l’évocation du blanc, couleur sereine, n’y est pas étrangère. Elle donne aussi au lecteur l’occasion de revenir sur son propre ressenti qu’il a de l’absence des siens. Cette lettre est une forme de passage à autre chose .Il s’y dégage une grande sensibilité, une impression de force et de fragilité intimement mêlées.
Un grand merci aux éditions Chèvre-feuille étoilée de Montpellier pour cet ouvrage plein de qualité, et à Babélio  pour son opération Masse critique.


Les jours blancs, Hélène Pradas-Billaud
Editions Chèvre-feuille étoilée (15/02/2012)
124 pages
4ème de couverture :
Ta mort pourtant pousse à la vie. Une vie au présent. Ebouriffée, ouverte aux courants d’air. Insaisissable, constante et grave. Une vie amante. Une vie troublante. Si jeune au monde et sage. Une vie qui se suffit d’aimer. Une bouche à mordre quand on le dit. Vie. C’est ton absence qui me l’a appris. Au tableau noir, première du rang, je l’ai bien vu, c’était écrit lorsque tu es parti.
 « Les jours blancs, ce sont les jours sans. Sans la présence d’un être à jamais disparu. Comme tant d’autres, j’ai vécu douloureusement l’envol de mes filles. Dans le cas d’Hélène Pradas-Billaud, c’est son frère qui lui manque cruellement. Il y a tout juste dix ans, ce très jeune grand reporter [Pierre billaud] que j’avais apprécié à RTL était tué par les talibans avec deux de ses confrères en Afghanistan. Comme elle ne pouvait plus lui parler, Hélène a écrit à Pierre. Sous forme romancée et très poétique. C’est l’enfance qui remonte des sous sols de la mémoire, leur enfance, leurs rêves, leur désir commun d’absolu. Il y a beaucoup de sensualité dans ce texte. Beaucoup d’espoir aussi en une vie meilleure, immaculée. Où va le blanc quand fond la neige ? » Patrick POIVRE D’ARVOR
A propos de l'auteur:

Hélène Pradas-Billaud est auteur de nouvelles et poèmes. « Les jours blancs » est son premier roman. Le fil de ce qu’elle crée est guidé par la découverte de l’autre dans sa vie de femme et son métier de responsable des ressources humaines.







 Pour  une couleur dans le challenge Petit bac 2012 proposé par Enna.


Pour le challenge proposé par Anne.


2 commentaires:

  1. Une écriture sensible, en effet ! Merci pour ce billet.

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  2. Un livre qui paraît intéressant pour le témoignage et la sensibilité. Moi, je n'ai pas encore reçu mon livre de Masse critique.

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