jeudi 29 mars 2012

Le journal de la veuve



« John parti, la vie est désormais une interminable succession d’options, dont aucune ne doit être soumise au comité domestique avant entérinement. Ce sentiment soudain de liberté peut se révéler, cela va sans presque dire, tout à fait déconcertant. »
La lecture de cet ouvrage, peut se révéler, au premier abord, déconcertante. Il n’y a pas d’action, ou très peu. J’ai plus eu l’impression de voir sous mes yeux se dessiner, par petites touches, un tableau champêtre comme légèrement flouté.
L’état d’esprit de cette veuve, que je vois plus dans le désappointement, la déstabilisation, que la peine véritable, et le chagrin, se retrouve parfaitement dans la construction de ce roman fait d’un mélange parfois assez confus entre les impressions d’hier, et celles du moment .De petits chapitres, qui pour certains sont très courts, allègent avantageusement le côté déconcertant, et compense une certaine atonie de l’atmosphère.
Cette veuve, sans enfant, apparemment sans attaches familiales, et assez peu entourée d’amis, s’en va quelques temps pour fuir une solitude que je lui imagine assez lourde à supporter, mais pour laquelle elle ne formule aucune plainte. Tout est dans l’évocation. Petit à petit, ce qu’a été sa vie conjugale se dévoile. Peu à peu, le lecteur s’immisce dans les méandres de son intimité, et de ses petits secrets. L’auteur réussit à décrire la difficulté de la vie de la vie à deux, l’évolution du couple au fil du temps.
« Et le fait que notre relation avait changé, et peut-être même échoué sur bien des plans, était mis de côté. Chacun aimait à savoir que l’autre était là. »
Cette femme semble résignée à son nouveau statut. Même si l’alcool est pour elle un compagnon que j'espère pour elle transitoire (elle en est d’ailleurs consciente), elle parait malgré tout encline à s’adapter à la solitude. C’est à mon sens tout le but de ce séjour : rompre avec le quotidien, retrouver le passé ( ?), ou du moins une idée de ce qu’elle a du passé.
« Je vois bien ce que je faisais, en fait. Je voulais juste m’approcher un peu plus de la chaleur et de la lumière d’un  vrai foyer-d ‘un endroit où règne l’amour véritable. Pareille à un chien perdu qui essaie d’échapper pour un temps à la nuit. »
Une femme complexe jusqu’à la dernière phrase de ce livre…une femme qui finalement se laisse apprivoiser peu à peu.
Je note que l'auteur, un homme, s'est glissé parfaitement dans le peau d'une femme, pour en dresser un portrait subtile, sensible, et tout en nuance.
Je remercie chaleureusement les éditions Christian Bourgois pour l’envoi de ce livre et la confiance qu’ils m’ont témoignée.

Le journal de la veuve, Mick Jackson
 Christian Bourgois (09/02/2012)
272 pages 

4ème de couverture :
Une femme, veuve depuis peu, s'enfuit de sa demeure londonienne pour s'installer dans le Norfolk. Loin des quelques proches dont elle ne supportait plus la fausse complaisance, elle trouve refuge dans une petite maison de pêcheurs, et réapprend à vivre seule.
Son quotidien se partage entre la rédaction d'un journal auquel elle confie ses réflexions, les excursions qu'elle entreprend sur la côte et les moments passés au pub, sous le regard étonné et réprobateur des habitants du village. À mesure qu'elle reprend le contrôle de sa vie, elle se penche sur son mariage : idyllique en apparence, il se révèle en réalité porteur de lourds secrets.
Mick Jackson campe avec finesse et causticité ce personnage féminin complexe, résigné et rebelle, sombre et drôle.
 
A propos de l'auteur 
Mick Jackson est né en 1960 à Great Harwood dans le Lancashire. Il a suivi des études de littérature à l'école Queen Elizabeth de Blackburn. Il a travaillé dans des petits théâtres locaux avant d'étudier les arts vivants au Dartington College of Arts. Il a joué dans le groupe de rock The Screaming Abdabs. Puis, en 1990, il a suivi un cours de creative writing à la University of East Anglia et a commencé l'écriture de The Underground Man, publié en 1997, qui a figuré sur la dernière sélection du Booker Prize et a été récompensé par le prix Whitbread du meilleur premier roman. Il est également l'auteur de Cinq garçons et d'un recueil de nouvelles paru en 2006. Sous le pseudonyme de Kirkham Jackson, il a par ailleurs écrit un scenario pour le téléfilm Roman Road. Il vit actuellement à Brighton.


L'avis de Jostein car nous l'avons lu ensemble.


Escale anglaise  pour le challenge Voisins-voisines proposé par Anne


 Pour le challenge le nez dans les livres de George, pour le mot journal.....

5 commentaires:

  1. Un avis plutôt positif. Il est vrai que l'on comprend en fin d livre où la narratrice voulait emmener son lecteur.

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  2. Voilà qui m'intéresse !! Merci pour cette liste de Grande-Bretagne :)

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  3. Un livre qui risque de me plaire, je prends note.
    Merci pour cette belle chronique.
    Bonne soirée !

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  4. Malgré son manque d'action, je remarque que tu lui as mis 4/5, je le note donc dans ma LAL ;)

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  5. Je l'ai acheté aussi il y a quelques temps, je suis contente de lire ton billet, car je l'avais acheté un peu par hasard et là j'en ai une vision plus claire.
    Merci pour ta participation au challenge.

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