mardi 7 août 2012

L'élimination


« Son nom de guerre est Douch. Nous étions tous impurs et nous l’avons payé. »
« La mémoire est un repère. Ce que je cherche, c’est la compréhension de la nature de ce crime et non le culte de la mémoire. »
Je tiens avant tout à préciser que ce que je vais formuler à propos de ce livre ne concerne en rien les propos, mais la forme, et les sensations qui ont été les miennes lorsque je l’ai lu. Les massacres perpétrés au Cambodge sont une abomination, comme l’ont été tous les génocides. Seulement, il y a certaines manière de les dire, qui ne génèrent en moi ni émotions,  ni les révoltes légitimes.
Rithy Panh, cinéaste, mêle ici ses souvenirs, atroces, de cette période, et la confrontation qu’il a eue avec Douch, le grand ordonnateur de tout cela. C’est le point de vue du bourreau qui a davantage retenu mon attention, mais, avec le regret d’un grand désordre, d’un manque de clarté. Le livre se déroule d’un seul tenant : pas de chapitres, pas de parties, une sorte de magma dans lequel la mémoire du cinéaste se confond avec travail de recherche avec Douch. Cela m’a quelque peu gênée.
En ce qui concerne le contenu, je n’ai pas été surprise. Pour avoir lu Le portail, et Le silence du bourreau de François Bizot, et en avoir conservé un souvenir intact, et pour avoir lu Une odyssée cambodgienne de Haing Ngor et en avoir été profondément touchée, je n’ai malheureusement pas été conquise par L’élimination. L’ouvrage n’a pas les qualités littéraires de ceux de François Bizot, ni a force émotionnelle de celui de Haing Ngor. Je l’ai traversé sans passion sans pincement à l’estomac ; je l’ai lu détachée, en attendant vainement ce petit quelque chose qui allait me surprendre, me tenir.
La comparaison avec Si c’est un homme, et La nuit, me parait quelque peu disproportionnée. Ces deux ouvrages m’avaient marquée infiniment plus.
 
Ceci étant dit, je suis curieuse de découvrir les œuvres cinégraphiques de Rithy Panh

 
L’élimination, Rithy Panh avec Christophe Bataille
Grasset (11 Janvier 2012)
336pages


4ème de couverture :
"A douze ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et mes neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmère rouge. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien."
Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, qui fit 1.7 millions de morts, l'enfant est devenu un cinéaste réputé. Il décide de questionner un des grands responsables de ce génocide : Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille sa légende.
L'élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Un grand livre sur notre histoire, sur la question du mal, dans la lignée de Si c'est un homme de Primo Levi, et de La nuit d'Elie Wiesel.
A propos de l’auteur :
Christophe Bataille, né en 1971, est l’auteur de plusieurs romans, parmi lesquels Annam (Arléa, 1993) et J’envie la félicité des bêtes (Grasset, 2002), Quartier général du bruit (Grasset, 2006). Il est éditeur chez Grasset depuis 1997.
Rithy Panh est cinéaste. On lui doit, entre autres, Les gens des rizières, Bophana et S21 – La machine de mort khmère rouge, qui fut un événement, et Duch, le maître des forges de l'enfer. Il a écrit ce livre avec Christophe Bataille, qui est romancier

Récit retenu par le jury de septembre

2 commentaires:

  1. Ah, tu es le premier billet mitigé que je lis.

    RépondreSupprimer
  2. Mimi, je suis comme toi. Très loin d'être emballée. Ecriture assez froide. je suis restée sur ma faim. Du coup je te cite sur mon billet ! tellement contente de ne pas être seule à penser ça !!!

    RépondreSupprimer