samedi 8 septembre 2012

Fukushima -Récit d'un désastre


« Le tremblement de terre est un boxeur : il en a la ruse, la patience, et le punch. »
« Le séisme a suspendu le temps, l’a renversé, amplifiant démesurément le désir de vivre. »

Récit à la fois sobre pour le ton, et d’une précision d’horloger dans le vocabulaire, et la description des lieux et des ressentis, Fukushima, représente un témoignage précieux du séisme qui secoua le Japon en mars 2011 et de ses terribles conséquence de la part d’un homme qui d’une part à vécu les évènements sur le terrain et d’autre part a une parfaite connaissance du pays et de sa culture puisqu’il y vit et travaille depuis une vingtaine d’année. Ainsi, tout en évoquant le côté technique ou scientifique des choses, Michaël Ferrier n’en oublie pas pour autant d’instiller à son récit la poésie, et la mythologie, pour lui donner une fluidité, et une hauteur de vue particulièrement intéressante.
L’ouvrage commence par une vision plus technique de ce que représentent les séismes pour la population japonaise : un phénomène, hélas, bien connu, pour lequel elle est entrainée, et dont les pouvoir publics ont tirés les leçons du passé … Hélas, pas toutes !!Les autorités avaient tout prévu, sauf…l’imprévisible.
La seconde partie décrit le voyage jusqu’aux lieux du drame, puisque l’auteur et sa compagne n’ont pas souhaité s’enfuir, mais au contraire aller sur le terrain, et rendre compte lui-même de la catastrophe  tant sur le plan humain, écologique, sanitaire, logistique, que technologique. Il y a beaucoup de dignité dans ce récit, à l’image de celle des japonais en de telles circonstances.
De retour à Tokyo, Michaël Ferrier, se livre à un plaidoyer anti-nucléaire débarrassé de toutes passions, ou revendications outrancières qui ne mènent à rien ou presque. Avec recul, et cohérence, l’auteur montre la manière dont a été traité la catastrophe, la manipulation des chiffres, des normes, les silences, et surtout sur l’acceptation progressive des choses, et sur le fait de s’habituer à vivre avec, et surtout  à vivre autrement.
Un récit qui ne laisse pas indifférent, en apprend beaucoup, et très bien conduit tant sur le plan littéraire, que dans sa construction.

« Les morts de Fukushima ne sont plus des morts : ce sont des déchets nucléaires. »
 
Fukushima-Récit d’un désastre, Michaël Ferrier
Gallimard, collection infini (8 Mars 2012)
262 pages



4ème de couverture :

« On peut très bien vivre dans des zones contaminées : c'est ce que nous assurent les partisans du nucléaire. Pas tout à fait comme avant, certes. Mais quand même. La demi-vie. Une certaine fraction des élites dirigeantes – avec la complicité ou l'indifférence des autres – est en train d'imposer, de manière si évidente qu'elle en devient aveuglante, une entreprise de domestication comme on en a rarement vu depuis l'avènement de l'humanité. »

A propos de l’auteur :
Grand-mère indienne, grand-père mauricien, né en Alsace, Michaël Ferrier passe son enfance en Afrique et dans l’océan Indien, fait ses études à Saint-Malo et à Paris. Il est professeur à l’université Chuo de Tokyo où il enseigne la littérature.
Il vit à Tokyo depuis 1994.
Il a publié, entre autres : Le Goût de Tokyo (Mercure de France, 2008), Maurice Pinguet, le texte Japon (Seuil, 2009) et Kizu, la lézarde (Arléa, 2004). Tokyo, Petits portraits de l’aube, paru chez Gallimard en 2004, a reçu le prix littéraire de l’Asie 2005.


 Document de la 2ndesélection ( retenue par le jury d'octobre)


Pour l'île d'Honshu (Japon) dans le challenge de Géraldine .

 

3 commentaires:

  1. Intéressant ce traitement à la fois documentaire et littéraire de la catastrophe. Je note !

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  2. Un document sans nul doute très intéressant, et qui évitera peut-être cette catastrophe de tomber dans l'oubli, comme les autres...

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  3. Un très très bon livre. je suis d'accord avec toi. ravie d'avoir découvert ce récit très riche. Je cite ton billet sur mon blog du coup!
    A+

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