mardi 5 février 2013

Je viens d'ailleurs


« Au bord de la mer, la brise fait voler le voile des femmes pour caresser voluptueusement leur cou. C’est fou comme l’interdit nous apprend à jouir de peu. » 

Court et premier roman qui a l’allure autobiographique, Je viens d’ailleurs nous plonge au cœur de l’Iran noir, cet Iran des Mollah qui au nom d’Allah en ferme, brime, isole, et au final finit par tuer à petit feu les femmes de ce pays.
Depuis la fin du régime impérial, pas forcément au meilleur de sa forme, jusqu’à l’installation du régime théocratique, la narratrice nous narre cette traversée chaotique, cette jeunesse sacrifiée, ces vies volées. Si, elle, a pu s’exiler, partir faire ses études, et se reconstruire ailleurs, combien n’ont eu d’autres choix que de se recroqueviller, et s’étioler ?
Chahdortt Djavann, s’exprime ici directement en français, langue qui n’était pas la sienne au départ, et d’une bien jolie manière. Avec réalisme, elle montre l’absurdité du régime, ses horreurs, ses compromissions, et ses limites.
La muette, paru en 2008, m’avait laissé un excellent souvenir ; nul doute que je reviendrai vers d’autres ouvrages de cet auteur  qui à mon sens est pleine de talent.  


Je viens d’ailleurs, Chahdortt Djavann
Editions Autrement (Janvier 2002)/ Folio (Novembre 2005)
112/176 pages


4ème de couverture :

" Il y a des souvenirs plus graves que la vie elle-même. La brûlure se fait sentir après le coup. Les dire, les redire, et même peut-être un jour les écrire, ailleurs, autrement, dans une autre langue, permettrait de les conjuguer au passé, de les faire entrer dans un livre, comme une vie vécue autrefois par une narratrice inconnue, anonyme, comme un récit qui se raconte et pourrait être le mien, le vôtre ou celui d'une autre. "
je viens d'ailleurs raconte par fragments vingt ans de la vie d'une jeune Iranienne révoltée par la violence du régime islamique installé par Khomeyni en 1979. La voix de la narratrice, claire, juste, teintée de lyrisme persan, nous fait rejoindre, à chaque page, un quotidien souvent insoutenable et jusqu'ici complètement ignoré par l'Occident.
A propos de l’auteur :

Née en 1967 en Iran, Chahdortt Djavann grandit à Téhéran où elle vit avec sa mère et ses quatre frères et sœurs aînés. Son père, Pacha Khan, est emprisonné par le shah, après la révolution de 1979.

Très jeune, c’est l’exil : après être passée par Istanbul, elle atterrit à Paris en 1993. Ne parlant pas français, elle connait des conditions de vie difficile, enchaînant les jobs précaires, avant de rentrer à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales, où elle étudie l’anthropologie.

En 2002, elle publie son premier roman, ‘Je viens d’ailleurs’ et raconte comment elle a gardé la tête haute. Un an plus tard, ‘Bas les voiles !’ pamphlet s’élevant contre le port du voile, ici et ailleurs, lui vaut une notoriété subite.

 Pour le défi d'Anne .


Pour le défi d'Opaline

Passage en Iran pour le tour du monde d'Helran .
 

3 commentaires:

  1. Il est noté. Il doit y avoir une coquille, je ne comprends pas ta dernière phrase ?

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  2. Je dois justement lire La muette. je ne connaissais pas ce titre que tu présentes ici. je le lirai aussi. Et je ne peux que te conseiller, chaleureusement "je ne suis pas celle que je suis".

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  3. j'ai lu " je ne suis pas celle que je suis " de cette auteur et j'ai bien aimé
    (http://lireetrelire.blogspot.fr/2011/11/je-ne-suis-pas-celle-que-je-suis.html) à découvrir !de mon coté je pense que je vais noter votre titre

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