vendredi 22 février 2013

La malédiction


« La mère souffrait de n’avoir pas choisi mon ADN. Je la comprenais. Moi j’aurais voulu choisir un vente formaté à ma recevoir. »

Une couverture rouge sang, un corps féminin à l’attitude explicite, comme pour mieux avertir le lecteur qu’il aura dans les mains un ouvrage qui le chahuter. Couverture qui m’a attirée tel un aimant, et dont le sujet me rappelait d’autres ouvrages marquants.
En effet, bien que prenante, la lecture de l’ouvrage n’en demeure pas moins difficile dans les thèmes et la violence intérieure des personnages.
Livre de femme, qui ne met en scène que des femmes.
Nous sommes au Liban, pays déchiré, toujours à la merci de ses voisins envahissants ; pays multiculturel où même quand on  est chrétien, il ne fait pas bon être femme.
Hala vit un calvaire, entre une mère, « La mère » comme elle la nomme qui la rejette, lui fait subir les pires humiliations, la brime, l’emprisonne, et plus tard, une belle mère « Rayon X » qui ne la verra jamais autrement qu’un ventre à engendrer des « mâles », mais indigne d’en être la mère plus tard….
Hayam Yared, dont j’ignorais tout, donne un style à son ouvrage fait à la fois de lyrisme, et de mots et phrases choc.
Un livre qui peut ne pas plaire à tout le monde, mais qui en interpellera d’autres.
Un livre passé complètement inaperçu  à sa parution, et qui pourtant aurait mérité plus d’attention tant il bouscule, interroge.
 
La malédiction, Hyam Yared
Editions des équateurs (Août 2012)
185 pages
4ème de couverture :
Qu’est que la malédiction pour une femme ? De vivre dans un monde marqué par la domination de la virilité et la transmission des valeurs masculines. Hala — ce qui signifie la beauté — est une jeune femme libanaise née dans les années 1970. Elle vit à Beyrouth, entre culture arabe et occidentale. Elle reçoit une éducation dans une école catholique et doit subir le rigorisme de sa mère qui la persécute : ses fréquentations, sa gourmandise, sa sensualité, son poids.
Hala s’éveille aux plaisirs, découvre son corps et surtout qu’elle est une femme c’est à dire un être sans sexe proéminent. Elle va devoir conquérir sa féminité dans un pays où les femmes sont soumises à la puissance des hommes, à la domination de la religion et à la dévoration des mères. Dans un pays menacé par l’invasion de la Syrie, Hala doit se battre jusqu’au meurtre pour se libérer et simplement respirer.
Dans un style volcanique et avec un humour satirique, Hyam Yared raconte l’histoire terriblement vraie de Hala, une héroïne d’aujourd’hui au cœur d’une tragédie antique. Hala n’est pas une seulement une femme vivant dans un pays arabe, c’est une femme universelle, une Antigone sacrifiée au nom de l’ordre de la société masculine.
Un roman d’une force inouïe, d’une beauté ravageuse qui devrait marquer la rentrée littéraire.
A propos de l’auteur :

Née en 1975 à Beyrouth, Hyam Yared est notamment l'auteur de Sous la tonnelle (Sabine Wespieser, 2009), l’armoire des ombres (Sabine Wespieser, 2006)
Elle a publié de la poésie : Reflets de lune (Dar An-Nahar éditeurs, 2001), Blessures de l’eau (Dar An-Nahar éditeurs, 2004), Naître si mourir (Editions Idée bleue, 2008).



24/26 [Y]


 Passage par le Liban pour le tour du monde de Helran .



 Pour le défi d'Opaline


1 commentaire:

  1. Ton billet donne très envie de lire ce livre âpre et bouleversant... En tout cas, c'est l'impression qu'il me donne !

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