vendredi 8 mars 2013

Prince d'orchestre


Il a tout pour réussir dans la vie : une épouse toute entière dévouée à sa carrière, une mère qui l’adule et le regarde avec une admiration sans borne, une vie de luxe, la reconnaissance de ses pairs, un art qu’il maîtrise à la perfection, un public à son pupitre, des musiciens suspendus à sa baguette….et pourtant, la chute ne fait que commencer, et c’est à se demander jusqu’où elle va le mener.

Kandilis cache avec un l’orgueil démesuré, et des manières cassantes, et destructrices ses blessures profondes qui le conduiront aux abîmes.

Metin Arditi connait la musique, et surtout son milieu ; Pour diriger à la destinée d’un orchestre de grande renommée, il sait les petites et les grandes faiblesses des artistes. En fin connaisseur, il déchiffre avec minutie et rigueur l’âme de cet homme infect et si terriblement humain.
En dépit de son antipathie notoire, et de la terreur qu’il aurait pu m’inspirer si je l’avais eu face à moi, Metin Arditi est parvenu à me  rendre ce chef  aimable d’une certaine façon, et attachant dans sa laideur. Comment ne pas souffrir avec lui lors de l’exécution de la 9ème  de Beethoven ?
Il signe, ici, un roman bien noir, en choisissant de montrer les aspects peu glorieux du milieu. Mais comment lui en vouloir, lui qui sait si bien évoquer, les compositions qui jalonne le parcours de Kandilis, et qui m’ont accompagnées tout au long de ma lecture.

La musique est une maîtresse exigeante ; elle demande travail, humilité, et respect. Le musicien n’est là que pour la servir. 


Prince d’orchestre, Metin Arditi
Actes Sud (Août 2012)
375 pages


4ème de couverture :

Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu'il se trouve au sommet de sa gloire, le chef d'orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s'ensuivent il oppose la certitude de son destin d'exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L'insidieux leitmotiv des Kindertotenlieder - Les chants des enfants morts - de Gustav Mahler lui chuchote sans répit le secret qu'il voudrait oublier. La chute est inexorable. Seules l'amitié ou la confiance de quelques proches semblent l'ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité glisserait de la toute-puissance à la compassion, de l'arrogance à l'empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose...
Roman haletant, parcours exalté, bouleversé par les véhémences de la musique, Prince d'orchestre est aussi une réflexion sur la part d'imprévisible que contient toute existence, sur la force du hasard et les abîmes de la fragilité humaine, sur les souffrances que convoque, apaise, et souvent transcende l'inépuisable fécondité de l'art.
A propos de l’auteur :

Né en 1945 à Ankara, Metin Arditi vit à Genève. Il préside l'Orchestre de la Suisse romande et la fondation Les Instruments de la Paix-Genève. Son oeuvre, publiée chez Actes Sud comprend notamment La fille des Louganis (2007 ; Babel n° 967), Loin des bras (2009 ; Babel n° 1068) et Le Turquetto (2011).




 Pour le challenge d'Anne .


 

5 commentaires:

  1. Les personnages secondaires ne sont pas assez bien traités dans ce roman, c'est dommage.
    ce n'est pas le meilleur Arditi que j'aie lu jusqu'à présent.

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  2. C'est un auteur que je n'ai pas encore lu, pourtant on en dit beaucoup de bien !

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  3. Et bien pourquoi pas, j'aime les romans sur les métamorphoses personnelles.

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  4. Je ne connais pas du tout mais le note dans ma liste de livres à lire ! Merci pour la découverte :)

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