lundi 23 septembre 2013

La dernière séance


« Depuis ses années d’adolescence, elle avait rêvé de quitter l’Iran. Partir , se libérer de ce pays faisait battre son cœur de mille promesses, mille réussites. Personne ne rêve d’échec. »

Nous reprenons le parcours de Donya exactement là où il avait pris fin dans Je ne suis pas celle que je suis. Si ce nouvel opus en est la suite logique, il peut malgré tout se lire en première intention.
Donya, n’a de cesse de quitter l’Iran, véritable prison à ciel ouvert. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. La Turquie sera la première escale d’un voyage sans retour qu’elle espère mener jusqu’à Paris.

A ce parcours de vie s’ajoute le rendu d’une psychanalyse entamée par Donya durant de longues années, alors même qu’elle est dans une situation plus que précaire. Ce qui me frappe c’est la relation de plus en plus houleuse avec son thérapeute, et un thérapeute de moins en moins disponible pour son analysant tant il est pris, lui aussi par ses problèmes personnels.

L’Iran, et son régime théocratique est au cœur de la  problématique. Au travers de l’histoire de Donya, ce sont tous les démons, toutes les hypocrisies de ce régime qui sont mis à plat pour montrer la force de destruction de ce régime.

L’autre hématique omniprésente, est celle de la langue française ; langue qui sera pour elle synonyme de nouveau départ, de thérapie.



« Chaque mot que j’ai arraché au dictionnaire m’arrachée à son tour aux blessures que j’ai vécues en persan. »
« Il me fallait une autre langue pour pouvoir me libérer de mon histoire. »
D’ailleurs ne dédie-t-elle pas ce livre à la langue française en avant -propos ?

Si la construction aérée permet une lecture aisée, portée par une écriture de bonne facture, j’ai néanmoins éprouvé un peu de lassitude, convaincue d’un certain nombre de longueurs. Le destin de Donya, dont on ne prend connaissance qu’aux dernières pages m’a semblé un «  peu tiré par les cheveux », et trop expéditive.


La dernière séance, Chahdortt Djavann
Fayard, Août 2013
490 pages





4ème de couverture :

C'est un roman à deux temps où s’entrelacent des séances de psychanalyse que l’héroïne poursuit à Paris et le récit de son parcours d’émigrée. Suite à un viol collectif par les gardiens de l’ordre moral, Donya fuit Téhéran. Arrivée à Istanbul, elle décide d’avorter, apprend la mort de son père, et cherche désespérément un travail. Rien n’est jamais acquis pour une Iranienne désargentée qui doit partir tous les trois mois en Bulgarie pour renouveler son droit de séjour.
Elle s'embarque dans un bus rempli de malfrats pour Sofia en 1991, et atterrit dans un hôtel de passe. Trois mois plus tard, elle manque mourir à la frontière de Bulgarie lors d'un deuxième voyage. Outre son boulot dans une clinique à Istanbul, elle devient danseuse orientale pour payer ses études. Les paysages somptueux du Bosphore contrastent avec les lugubres faubourgs de Sofia.
Pourtant c’est à Paris, au cours de l’analyse, que surgissent les révélations les plus inattendues. Les souffrances d'une enfance terrible, une mère qui délaisse Donya dès la naissance car elle désirait ardemment un garçon. Une mère qui ne pardonne jamais à sa fille d'être une fille. Un père ruiné devenu opiomane et fou. Une fillette qui tente de se faire aimer par ses parents grâce à son intelligence. Une adolescence « coupable » et brisée. Et une jeune femme qui ne parvient à pardonner ni à ses parents ni à son pays. La maîtrise progressive du français constitue le seul bonheur de l’héroïne. Une jeune femme qui fuit la réalité insoutenable en inventant des mensonges sincères !
Au fil des séances et de l'histoire, se profile, sous le regard myope de son psy, la fin tragique d’une jeune femme rattrapée par son destin.

A propos de l’auteur :

Arrivée en France en 1993, Chahdortt Djavann y a appris le français en autodidacte. C’est dans cette langue qu’elle a écrit de nombreux articles pour Le Monde, Le Figaro ou Libération, ainsi que plusieurs essais et romans parmi lesquels Bas les voiles ! (Gallimard, 2003) et Je ne suis pas celle que je suis (Flammarion, 2011), dont ce nouveau roman constitue un prolongement.
  


 La ronde des "auteurs français" chez Tête de litote .


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