jeudi 1 mai 2014

Né sous les coups


Ni enquête policière, pas vraiment un thriller, Né sous les coups est le digne représentant des romans noirs historico-sociétaux.

Martyn Waites nous plonge dans les années Thatcher en Grande Bretagne. Les Marines sont revenus victorieux des Malouines, la Dame de fer est au somment de sa force ; elle vaincra les mineurs britanniques qui s’opposent aux fermetures de mines qui ont fait fortune du pays.

Au nord de l’Angleterre, dans une bourgade imaginée par l’auteur, ce sont 17 ans qui seront labourées au gré des standards de la pop anglaise de l’époque.
Avant, c’était au moment des grèves, maintenant, c’est en 2001, alors que Stephen Larkin revient pour y écrire un article sur cette ville qu’il a bien connu en 1984.

Le premier intérêt de ce roman, ce sont ses personnages ; nombreux, ils se révèlent tous avec beaucoup de subtilité au fur et à mesure de la narration, tout comme la façon dont ils s’imbriquent les uns aux autres. Il faut savoir être patient, et accepter le flou avant que les choses  ne s’éclaircissent au fil du roman.

Le second point fort de ce livre réside dans sa construction faites d’aller et retour entre avant, et maintenant qui donne du rythme à un roman statique, et extrêmement localisé par ailleurs. Ce procédé allège une certaine froideur voulue par l’auteur, et que l’on retrouve dans une écriture sans fioriture, et d’un réalisme qui s’avère parfois, mais justement, relativement cru ; terrifiant, même .

Enfin, l’auteur s’attaque à un sujet historique rarement traité dans la littérature. En ciselant le destin funeste d’une ville et de tout ce qu’elle pouvait comporter d’humain, il lance comme un appel à ne pas oublier ces hommes et ces femmes marqués dramatiquement par des décisions politiques qui  les dépassaient tous. Si l’on sent l’engagement de l’auteur, on ne se sent pas pour autant otage de ses options. Il s’en dégage beaucoup de force, une grande maîtrise.

Ce livre est le troisième finaliste  pour le prix SNCF du Polar 2014, après Des nœuds d’acier de Sandrine Colette, et Yeruldelgger de Ian Manook. Pour ce qui est de mon vote, le choix va être cornélien….

Né sous les coups, Martyn Waites
Edition Rivages/Thriller, Août 2013
360 pages
Finaliste pour le Prix SNCF du polar 2014
 
4ème de couverture :
1984 : Margaret Thatcher est au pouvoir, les mineurs sont en grève. "Deux tribus partent en guerre", pour reprendre un tube célèbre. À Coldwell, cité minière du Nord, les mineurs ont lutté quasiment jusqu'à la mort, mais ça n'a pas suffi : manipulant l'opinion, recourant à la violence policière, les Tories avaient, à l'époque, méthodiquement cassé les reins du mouvement ouvrier. Pour les vaincus, le prix de la défaite sera exorbitant : vingt ans plus tard, Coldwell est une ville sinistrée, gangrenée par tous les fléaux sociaux. Histoire d'un affrontement impitoyable aux conséquences dévastatrices, histoire de criminels qui prospèrent sur la misère, histoires d'amour contrariées, tragiques, mais aussi poignantes, Né sous les coups est la fresque de tout un monde mis à terre qui lutte pour survivre sur deux générations, baignant dans la musique anglaise des années 70 et 80.
A propos de l’auteur :      
Originaire du nord de l'Angleterre, Martyn Waites s'est passionné pour le théâtre, puis pour le roman noir sur les pas d'Ellroy, Burke, Crumley et Robin Cook. Né sous les coups est son premier roman.
 

2 commentaires:

  1. Tu me tentes beaucoup avec ce titre, je note.

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  2. Il vient d'arriver dans ma PAL et ton billet me donne encore plus envie de le lire.

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