mercredi 20 août 2014

A l'origine notre père obscur



La mère
« Face à elle, je suis face à mile mystères. »

« Par peur, surtout, de revivre une énième expérience du désamour dont je sortirais, encore blessée, abattue, car la Mère a ce pouvoir, le pouvoir de tuer la petite fille qui survit en moi. »

Kaoutar Harchi, dont j’avais fait connaissance avec l’ampleur du saccage, parle au cœur, mais qu’il est difficile de parler de ses livres tant ils sont intenses .On ne sait trop par quel bout les aborder !!

La narratrice vit enfermée avec sa mère au milieu des infidèles, des fautives et des transgressives.

La cellule familiale est une trame constante dans l’œuvre de Kaoutar Harchi. Elle y dénonce une société prisonnière des us et coutumes qui se transmettent, aliènent, et abîment au cœur les êtres. Elle crie la tragédie des femmes, des corps, la féminité étouffée. La souffrance est nous frôle presque  les doigts tant elle est imbibe chaque mot, chaque phrase. 

Une écriture acérée, des phrases qui claquent ; tantôt longues, tantôt lapidaires, sans verve. Des ruptures de narration par des extrais de carnets intimes… Tout porte à mettre le lecteur en tension, comme à l’affut, en apnée.

On ressort de cette lecture de ce livre comme abasourdi, conscient d’avoir lu quelque chose de différent, de fort, et quasiment dans l’incapacité de lui rendre l’hommage qu’il mérite. Si ses contours sont difficiles à cerner, c’est qu’il n’est pas dans le registre du faire, mais de l’être. L’intimité, et le vase clos donne peu de latitude au lecteur pour s’exprimer à son tour.

Je remercie Nelly Mladenov des éditions Actes Sud pour l'envoi de cet ouvrage, et sa confiance  


A l’origine notre père obscur, Kaoutar Harchi
Actes Sud, Août 2014
165 pages



4ème de couverture :

Enfermée depuis son plus jeune âge dans la “maison des femmes”, une bâtisse ceinte de hauts murs de pierre où maris, frères et pères mettent à l’isolement épouses, sœurs et filles coupables – ou soupçonnées – d’avoir failli à la loi patriarcale, prise en otage par les mystères qui entourent tant de douleur en un même lieu rassemblée, une enfant a grandi en témoin impuissant de l’inéluctable aliénation de sa mère qu’un infini désespoir n’a cessé d’éloigner d’elle.
Menacée de dévoration par une communauté de souffrance, meurtrie par l’insondable indifférence de sa génitrice, mais toujours aimante, l’abandonnée tente de rejoindre enfin ce “père obscur” dont elle a rêvé en secret sa vie durant. Mais dans la pénombre de la demeure du père, où sévit le clan, la guette un nouveau cauchemar où l’effrayant visage de l’oppression le dispute aux monstrueux délires de la névrose familiale dont il lui faudra s’émanciper pour découvrir le sentiment d’amour.
Entre cris et chuchotements, de portes closes en périlleux silences, Kaoutar Harchi écrit à l’encre de la tragédie et de la compassion la fable aussi cruelle qu’universelle de qui s’attache à conjurer les legs toxiques du passé pour s’inventer, loin des clôtures disciplinaires érigées par le groupe, un ailleurs de lumière, corps et âme habitable.

A propos de l’auteur :

Née à Strasbourg en 1987, de parents marocains, Kaoutar Harchi, titulaire d'une licence de lettres modernes, d'un master de socio-anthropologie et d'un master de socio-critique est, depuis 2010, doctorante-monitrice à la Sorbonne, où elle assure des enseignements en littérature et sociologie. Elle vit aujourd'hui dans la région parisienne.
Elle est l'auteur des deux romans : Zone cinglée (Sarbacane; 2009) et L'Ampleur du saccage (Actes Sud ; 2011).




3 commentaires:

  1. Voilà une romancière à découvrir, je note la référence. Merci mimi.

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  2. J'ai aussi commencé mes chroniques de rentrée avec ce roman. Un roman fort tout comme L'ampleur du saccage. Une auteure à suivre pour moi sans aucun doute.

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  3. J'ai lu également la chronique de Jostein et je pense qu'il fera partie des livres que je lirai

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