mardi 31 mars 2015

Des voix sous la cendre



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« Les détenus du Sonderkommando accomplissaient leur travail sous la contrainte, et au péril de leur vie. On ne connait pas de cas de volontariat pour cette activité. Tous refusaient ce travail, et ils étaient tous conscient qu’il permettait et accélérait l’extermination de frères et de sœurs. »

Ils ont malgré eux participé au massacre des leurs. Ils ont bien tenté de résister, et on même provoqué un soulèvement. Ils se savaient condamnés. Leur seule façon d’en avertir le monde a été d’écrire leur quotidien, et de consigner leur témoignage sur du papier qu’ils ont enterré comme ils ont pu au sein même d’Auschwitz –Birkenau.
C’est ce qu’on appelle les manuscrits d’Auschwitz, ou les rouleaux d’Auschwitz. Ils ont été retrouvés entre 1945 et 1980.

Dans cet ouvrage, ils ne sont pas publiés en entiers, car certains n’ont, semble-t-il, pas été traduits en français. Mais la richesse de cet ouvrage réside dans la diversité  des types de documents. S’il comporte des extraits des écrits de Zalmen Gradowski, des historiens apportent un éclairage très intéressant sur ce qu’ont été les Sonderkommandos, et sur l’opinion péjorative qu’ils ont suscitée durant l’après-guerre. Surtout ne pas juger…On ne sait jamais vraiment ce qui pousse l’homme à agir contre ses semblables. Parfois les circonstances ne lui donnent pas d’autre choix.

Des dépositions de survivants lors du procès de Cracovie  occupent également une place non négligeable dans cet ouvrage. C’est, pour moi, après plusieurs lectures sur le sujet, ce que j’ai lu de plus poignant, de plus dur et de plus décortiqué.

Si cet ouvrage hétéroclite n’est pas exhaustif, il est sans doute  à ce jour le plus complet. Osons le terme d’ouvrage de référence en la matière.

Des voix sous la cendre, Collectif
Calmann-Lévy, Janvier 2005 /Le livre de poche Octobre 2006
448 /600 pages


4ème de couverture :
Entre 1942 et novembre 1944, l'Allemagne nazie assassine dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau plus d'un million de personnes, des juifs européens dans leur immense majorité. Un Sonderkommando (unité spéciale), constitué de détenu juifs qui se relaient jour et nuit, est contraint d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de les brûler dans les crématoires et de disperser les cendres.
Quelques hommes ont transcrit ces ténèbres et ont enfoui leurs manuscrits dans le sol de Birkenau. Cinq de ces textes ont été retrouvés après la guerre. Aucun de leurs auteurs n'a survécu, les équipes étant liquidées et remplacées à intervalles réguliers. Ce sont trois de ces manuscrits, dans une nouvelle traduction du yiddish pour partie inédite en français, qui sont présentés ici.

S'y ajoutent les dépositions, lors du procès de Cracovie en 1946, de trois rescapés des Sonderkommandos - témoignages qui confirment, entre autres, l'intensité du massacre des juifs de Hongrie au printemps 1944 - les documents d'histoire, les photos de déportations, les archives allemandes.

Les auteurs :

Zalmen Gradowski, Leijb Langfus, Zlama Dragon, Henryk Tauber, Alter Feinsilber, Zalmen Lewental : déportés auteurs des manuscrits retrouvés à Auschwitz et/ou  déportés ayant témoignés au procès de Cracovie en 1946.
Yakov Gabbay, rescapé
Franciszek Piper, Responsable scientifique au musée d’Auschwitz.
Georges Bensoussan, historien, responsable éditorial au mémorial de la Shoah.
Katy Hazan, agrégée d’histoire, auteur de Les orphelins de la Shoah (2000)
Gideon Greif, historien israélien, chercheur à Yad Vashem
Nathan Cohen,


Carlo Saletti, membre de la société littéraire de Vérone, éditeur italien  des manuscrits
Philippe Mesnard, Directeur de la fondation Auschwitz, Professeur des Universités en littérature comparée à l’Université Blaise-Pascal Clermont-Ferrand 2.
Editeur des inédits de Primo Levi, ainsi que des manuscrits des Sonderkommando d’Auschwitz.
Membre permanent du CELIS (Centre de recherches sur les Littératures et la Socio poétique), Université Blaise-Pascal Clermont-Ferrand 2
Directeur de programme au Collège international de philosophie (Paris)
Membre de la commission « Enseignement de la Shoah » à la FMS (Fondation pour la Mémoire de la Shoah) à Paris
Membre associé de l’HAR (Histoire, Art, Représentation) de l’Université Paris Ouest Nanterre

Pour le challenge d'Enna catégorie musique (3 ème ligne) 

Pour le challenge de Bianca.


2 commentaires:

  1. Il faut beaucoup de courage pour lire ce genre d’ouvrage, je le note au cas où mais je ne sais pas si je vais pourvoir dépasser mes appréhensions. En tout cas, il semble être une référence.

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  2. Comme sentinelle, mais je pense que je ne le lirai pas. J'en ai entendu parler sur France Inter.
    Les survivants vivent avec ça en eux, ils sont doublement victimes

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