Curieux
ouvrage que ce roman russe qui n’a de russe ou de roman que le nom.
C’est
la fois une incursion au cœur des non-dits de sa famille, et en particulier de
sa mère, récit de multiples séjours dans la profonde Russie sur les traces d’un
mystérieux hongrois, et immersion dans les méandres des histoires de cœurs et
des fantasmes de l’auteur.
Tout
cela fait un peu beaucoup, me direz-vous. C’est vrai que l’on s’y perd un peu,
et que souvent l’on peine à savoir où veut nous emmener Emmanuel Carrère. En
réalité, en plein désarroi, l’auteur n’en sait sans doute rien lui-même ;
il s’épanche sur tout et rien à la fois.
Ce
qui a trait à sa vie privée prends très souvent le chemin du glauque et du
grand déballage. On s’en passerait volontiers. A contrario, l’aspect familial,
est à la fois abordé, mais sans rien en dire ; si ce n’est que sa mère,
l’historienne et académicienne s’y
oppose formellement. Il faut noter la beauté des dernières pages qui sont une
lettre écrite à sa mère.
Si
le contenu de l’ouvrage reste discutable de par l’intérêt qu’il suscite, il
faut néanmoins souligner une construction astucieuse, et une écriture remarquable. Hélas, cela n’en fera pas pour
autant un ouvrage remarquable.
J’avais
apprécié (mais sans plus) "D’autres
vies que la mienne", calé sur "Limonov". Après ce troisième
essai, je vais sans doute arrêter là avec Emmanuel Carrère qui ne comble pas
vraiment mes goûts et appétits de lectrice.
Un roman russe,
Emmanuel Carrère
P.O.L, mars 2007/
Folio, Septembre 2008
368/400 pages
4ème de
couverture :
«La
folie et l'horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j'ai écrits ne parlent de
rien d'autre. Après L'adversaire, je n'en pouvais plus. J'ai voulu y échapper.»
À
la fois quête des origines, carnet de bord, récit d'un fait divers et d'une
passion amoureuse, Un roman russe est une œuvre autobiographique dense et
captivante. Emmanuel Carrère y restitue avec talent la complexité d'un homme
dont la vie ressemble à ses livres.
A
propos de l’auteur :
Emmanuel
Carrère est né en 1957. D’abord journaliste, il a publié un essai sur le
cinéaste Werner Herzog en 1982, puis L’Amie du jaguar, Bravoure (prix Passion
1984, prix de la Vocation 1985), Le Détroit de Behring, essai sur l’Histoire
imaginaire (prix Valery Larbaud et prix de la Science-fiction française 1986),
Hors d’atteinte ? (Folio n°2116) et une biographie du romancier Philip K. Dick,
Je suis vivant et vous êtes morts. La Classe de neige (Folio n°2908), prix
Femina 1995, a été porté à l’écran par Claude Miller, et L’Adversaire (Folio
n°3520) par Nicole Garcia. En 2003, Emmanuel Carrère réalise un documentaire,
Retour à Kotelnitch, et adapte lui-même en 2004 La Moustache (Folio n°1883),
co-écrit avec Jérôme Beaujour, interprété par Vincent Lindon et Emmanuelle
Devos. Il a depuis écrit Un roman russe (Folio n° 4771), D’autres vies que la
mienne (Folio n° 5131) et Limonov (Folio n° 5560), Prix Renaudot 2011. Ses
livres sont traduits dans une vingtaine de langues.
Pour le challenge d'Enna, catégorie "Objet" (seconde ligne)
De Carrère, je n'ai lu que Limonov, que j'avais beaucoup apprécié. Je me suis promis d'y revenir, je ne sais encore avec quel titre. Il est rare de lire d'aussi tièdes critiques à son sujet...
RépondreSupprimerMoi, j'aime beaucoup Emmanuel Carrère. Un roman russe n'est pas mon préféré. Un peu trop de déballage privé.
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