dimanche 28 juin 2015

Le sillage de la baleine



Au bout du monde, dans l’archipel de Chiloé, Francisco Coloane nous raconte sa terre, son terroir. Il y a sans doute une bonne part de Francisco dans le personnage de Pedro avec lequel nous embarquons pour le bout du monde au milieu des flots pour chasser la baleine. Bien sûr, c’est une époque révolue. Certaines scènes ne manquent pas de nous révolter par tant de cruauté à l’égard de ce géant des océans que l’on a chassé jusqu’à l’extinction, ou presque.
Auparavant, Francisco Coloane nous aura immergé avec les Chilotes, des hommes rudes à la tâche, et peu enclins aux sentiments, et à la compassion. Pédro, trop tôt largué dans un monde d’adulte va devoir se faire une place, trouver sa voie,  se découvrir et s’affirmer. Confronté à un monde d’hommes l’enfant qu’il est fait irruption avec une certaine brutalité dans la compagnie des hommes de mers qui en ont vu d’autres.

Francisco Coloane a une langue à l’image de la rudesse des lieux et du métier. Il se fait précis, pudique, et peu porté sur l’emphase. Mais il sait sans que l’on s’y attende, se faire poète, et attendrir le lecteur. Son écriture décoiffe, et secoue comme les vents qui balaient cet archipel où je retournerai volontiers en compagnie de l’auteur.

Le sillage de la baleine, Francisco Coloane
Phébus, Mai 1998, Libretto, Mai 2014
256/280 pages
4ème de couverture :
Le jeune Pedro Nauto, né de père inconnu, perd sa mère alors qu’il n’a que treize ans. Lui qui ne rêve que d’aventures au grand large, de pêche miraculeuse et de monstres de légende, se retrouve confronté à la violence du monde adulte dans les tripots de Puerto Montt. Il croit trouver sa voie en s’embarquant à bord du Leviatán, un baleinier commandé par un vieux loup de mer qui fait route vers l’Antarctique...

Considéré comme le livre le plus ambitieux de Coloane, son Moby Dick en quelque sorte, Le Sillage de la baleine est un roman total, ébouriffé, violent et généreux. Un roman ennemi de la mesure et de la précaution, mais ouvert comme aucun autre sur le vaste mystère du monde. 

A propos de l’auteur :
Né en 1910 dans l’île de Chiloé, au sud du Chili, d’un père capitaine de baleinier, Francisco Coloane multiplia les professions : matelot, contremaître dans de grands élevages de moutons, explorateur, prospecteur pétrolier, dessinateur de cartes, autant d’expériences où puiser le sel de ses récits. Prix national de la littérature en 1964, Coloane s’éteint sur sa terre natale à l’âge de 92 ans, laissant derrière lui une œuvre exemplaire, symbole pour la jeunesse de son pays de l’identité culturelle latino-américaine.
 Pour le challenge d' Enna, catégorie  Animal(4ème ligne)


12/24 


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