mercredi 3 février 2016

Le chant de la Tamassee



Lire Ron Rash c’est presque un voyage sans retour dans ce terroir fait de montagnes, de forêts, et d’eau qu’habitent des gens profondément ancrés et voués corps et âme à leur terre.
Dans ce second roman publié en français bien après les suivants, Ron Rash nous en fait encore une fois la démonstration, avec, me semble-t-il, plus de force et de conviction que dans les autres de ses ouvrages que j’ai lus.
Il montre que les intérêts des uns ne sont jamais ceux des autres, que l’intérêt général, l’amour filial, le développement économique, et la défense des générations futures sont rarement à l’unisson.
Personne ne peut rester indifférent à cette mère et ce père qui pleurent leur enfant et veulent que leur soit rendu son petit corps coincé sous un rocher.
Personne n’a envie que soit défiguré ce cadre si bucolique que ce coin de paradis dont Ron Rash dont restitue avec soin les odeurs, les couleurs, et les sons.
Il y a non seulement une loi fédérale à respecter, mais aussi tout une activité économique à préserver.
D’emblée le lecteur sait qu’il y aura des affrontements entre les partisans et les opposants ; entre les gens du cru, et ceux qui n’en sont pas. Puis il y a les gens d’ailleurs, mais qui ont leurs attaches …
Ron Rash met l’accent sur  deux journalistes qui sont sur place  pour  couvrir « l’affaire »Lui, est chargé de la rédaction de l’article. Elle, est la photographe, originaire du qu’elle a quitté il y a bien longtemps pensant y laisser son sac de pierre et qui le retrouve encore plus lourd qu’avant.

La force de ce roman, c’est qu’il touche à de nombreux thèmes, qu’il donne au lecteur à s’interroger. Ron Rash travaille ses personnages en leur donnant au fil de son roman une ossature solide. Il va chercher loin pour mieux mettre à nu leurs fragilités, révéler leur passé, et mettre en lumière leur affrontements intimes.

Mais plus que tout autre personnage, c’est la Rivière qui est ici magnifiée dans un appel désespéré en direction de l’Homme seul face à ses responsabilités.

L’avis de Jostein que je remercie pour ce très bon moment de lecture.

Le chant de la Tamassee de Ron Rash traduit par Isabelle Reinharez, chez Seuil, collection cadre vert, 240 pages (Janvier 2016)


Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash a obtenu son doctorat de littérature anglaise à Clemson. Titulaire de la chaire John Parris d'Appalachian Studies à la Western Carolina University, il est l'auteur de trois recueils de poèmes, cinq recueils de nouvelles dont Incandescences (Seuil, 2015), et quatre autres romans dont Le monde à l'endroit, tous lauréats d'importants prix littéraires (Sherwood Anderson Prize, O. Henry Prize, James Still Award). Une terre d'ombre (Seuil, 2014) a reçu le Grand Prix de littérature policière.


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