dimanche 20 mars 2016

Nuit de septembre



« La douleur est ailleurs. Elle n’est pas dans les lieux, elle n’est pas dans les choses. »

Elle a perdu un fils, qui s’est suicidé une nuit de septembre chez elle. On ne connait ni son nom, ni son âge. De ce fils, on ne connait pas grand-chose non plus ; son prénom n’arrivera que tardivement dans ces pages.
C’est une voix extérieure (dont ne sait rien non plus) qui s’exprime à l’adresse de cette mère à la seconde personne du singulier.
Cette voix nous dit, nous murmure même ce qu’est le quotidien, les pensées, les faits, les gestes, les dits et non-dits d’une mère qui vient de perdre son fils.
Il y a quelque chose de lumineux dans ces mots simples et posés avec délicatesse là où cela fait mal. Cette voix s’interroge plusieurs fois sur ce manque de la langue française pour nommer cet état de la perte d’un enfant. Ce mot qui, sans doute jamais assez beau ou explicite qui pourrait donner une existence sociale à celle et ceux accablés par ce qui n’est pas dans l’ordre des choses.
Ce livre n’est pas sans rappeler Camille mon envolée de Sophie Daull. Mais par son abord plus impersonnel donne plus de corps et d’âme à la souffrance sourde et muette d’une mère, et à son combat intérieur pour que la vie, malgré tout, continue.

« Vu de l’extérieur, ta vie semble normale, inchangée. Alors parfois tu te sens si honteuse. »

Une belle découverte que je dois aux éditions Grasset, et que je remercie !

Nuit de septembre, d’Anémique Villeneuve, chez Grasset (Mars 2016,160 pages)


Angélique Villeneuve est née en 1965. Après avoir vécu en Suède et en Inde, elle s’est installée tout près de Paris. Elle a trois enfants.

Elle écrit pour les adultes (après Grand Paradis, Un territoire est son quatrième roman, paru en 2012 aux Éditions Phébus), pour les adolescents (À la recherche du paon perdu, Éditions Les Grandes Personnes, 2011) et pour ceux qui aiment

3 commentaires:

  1. Merci Mimi pour cette délicate lecture de mon livre; Mon fils avait 21 ans (je le dis au début du livre, mais cela a pu vous échapper et c'est sans importance après tout). Parler "au tu" est la façon que j'ai trouvée pour prendre un peu (un tout petit peu) de recul par rapport aux choses et à la douleur, pour inventer un creux dans lequel me placer.
    Merci de m'avoir lue ainsi! à bientôt peut-être
    angélique villeneuve

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  2. je n'ai pas lu "Camille mon envolée" donc je ne peux pas comparer.

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  3. Je n'arrive pas à avoir assez de recul pour la lecture de ce genre de livres, alors je m'abstiens au risque de louper un très bon livre

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