dimanche 26 février 2017

Le dimanche des mères



En ce dimanche de mars 1924, le printemps est un peu précoce. Comme chaque dimanche dans la bonne bourgeoisie, les maîtres s’en vont festoyer tandis que les domestiques ont leur journée pour aller voir leur mère. Jane n’a plus de mère. Si  d’ordinaire elle s’isole pour lire, ce dimanche-là revêt un caractère un peu particulier. Elle ira rejoindre Paul, son amant, qui doit prochainement épouser une jeune fille de bonne famille. Ce dimanche sera leur journée, mais surtout Sa journée, dans tous les sens du terme ; pour le meilleur, et pour le pire.

Le dimanche des mères se déroule sur une seule journée, tout en faisant état d’un avant et d’un après chacun s’imbriquant intimement à l’autre ; une construction narrative qui n’est pas sans rappeler le savant désordre des jardins anglais.
Graham Swift, dont je découvre ici la plume brosse le portrait d’une aristocratie sur le déclin, pas encore tout à fait dépouillée de son carcan victorien, mais n’ayant pas encore endossé les nouvelles manières.

Cela donne un magnifique roman, épuré à l’extrême,  tout en finesse et en sensualité ; une ode à la littérature qui n’aura pas échappé à Jane dont on devine au fil des pages ce dont sa vie sera faite.

Un quasi coup de cœur !


Le dimanche des mères, de Graham Swift, traduit de l’anglais par Marie-Odile Fortier-Masek, chez Gallimard, collection du monde entier (Janvier 2017, 144 pages)

Né à Londres en 1949, Graham Swift a été, dès ses premiers romans, Le Marchand de douceurs (1980) et L'Affaire de Shuttlecock (1981), considéré comme l'un des auteurs les plus prometteurs de sa génération.

Il est l'auteur de huit romans et d'un recueil de nouvelles, dont Le pays des eaux (1983), qui remporta le Guardian Fiction Prize, et qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique avec Jeremy Irons. En 1993, Swift reçoit le Prix du meilleur livre étranger pour A tout jamais, puis, en 1996, le prestigieux Booker Prize pour La Derniere tournée. Héritier à la fois de Dickens et de Faulkner, il donne dans ses romans une vision assez sombre de l'histoire, soulignant les grandes fractures liées au révolutions politique, industrielle et culturelle, qui ont contribué, dans la littérature notamment, à brouiller les frontières entre histoire individuelle et grande Histoire.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire