mercredi 6 avril 2011

Les tendres plaintes


Blessée par l'infidélité de son mari, Ruriko décide de disparaître. Elle quitte Tokyo et se réfugie dans un chalet en pleine forêt où elle tente de retrouver sa sérénité. Ruriko est calligraphe. Non loin, dans un autre chalet, s'est installé Nitta, un ancien pianiste de renom devenu facteur de clavecins, un homme habité par un calme particulier qui semble absorber les sons des instruments qu'il fabrique. Bien qu'assisté chaque jour dans son ouvrage minutieux par une jeune femme prénommée Kaoru, il vit seul avec un vieux chien aveugle et sourd. Invitée en ces lieux par Kaoru, la calligraphe observe et s'interroge sur la relation du facteur et de son aide. Ainsi elle apprend que Nitta ne peut plus jouer en présence d'autrui, que seule persiste en lui la capacité de vivre avec des sons invisibles. Mais, un matin, la calligraphe surprend Nitta installé au clavecin jouant "Les Tendres Plaintes" pour Kaoru. Ecrites en 1996, "Les Tendres Plaintes" contiennent tous les éléments révélateurs de la personnalité littéraire de Yoko Ogawa. Le regard porté sur la nature, sur ses sonorités, l'intensité de ses nuits, l'indicible solitude des êtres et leurs relations fugitives donnent à cette histoire une étrange résonance : celle qui prend source au cœur de l'inconscient.
Voilà le parfait exemple de livre à ambiance qui ne se lit pas goulument, mais qui au contraire mérite que l’on prenne son temps pour s’imprégner du cadre naturel, et isolé des lieux.
Nous sommes quasiment dans un huis clos entre 3 personnages, et un clavecin, personnage à lui tout seul également.
Cela doit être un trait de la littérature japonaise que de faire appel aux sens. La sensualité, le caractère palpable des choses transpirent de l’écriture de Yoko Ogawa.
L’atmosphère y est très musicale, et il s’en faudrait peu pour que les tendres plaintes de Rameau raisonnent en même temps que la lecture. Les mélomanes connaissent bien la sonorité si particulière du clavecin, instrument baroque par excellence, et qui colle parfaitement à l’atmosphère de ce roman.
Difficile de parler autrement que par petites touches d’un livre dont l’action n’est pas l’objet, d’un livre qui se goûte, qui s’écoute, plus qu’il ne se lit.
Je suivrai avec attention cet auteur, dont le premier contact m’a agréablement surprise.
Yoko Ogawa-Actes Sud-240 pages
Yoko Ogawa est née en 1962. Elle vit au, japon et se consacre à l'écriture. Elle a obtenu de nombreux prix littéraires dont le prestigieux Akutagawa pour "La Grossesse" (Actes Sud. 1997). Tous les livres de Yoko Ogawa sont publiés aux éditions Actes Sud.
Pour prolonger, écouter les tendres plaintes

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