Dans la beauté solaire de son île grecque, la jeune Pavlina aime celui qu’elle croit son cousin, Aris. Elle ignore le secret qui dévastera pour longtemps la famille : Aris est du même père qu’elle. L’enfant qu’elle aura de lui, fruit d’un inceste, sera confié à l’adoption. La Fille des Louganis raconte l’histoire de ce double arrachement, à l’île et à l’enfant. A Genève, où elle émigre, Pavlina poursuivra son existence, comme absente à elle-même, sans renoncer au rêve – obsédant jusqu’à la folie – de retrouver un jour la fille qu’on lui a enlevée. Sur ce thème à la fois intime et universel de l’abandon, sur le hasard des rencontres et la vertu des amitiés, sur les forces vitales et les péripéties du destin qui nous gouvernent par-delà le bien et le mal, Metin Arditi a composé un roman profond, saisissant d’émotion et de vérité.
« Va savoir…La culpabilité, Pavlina…Certains jours, je me demande si ce n’est pas une idée que le diable a volé au bon Dieu. Quand elle s’insinue dans nos vies, elle nous dévore… »
Je retrouve avec plaisir la belle plume de Metin Arditi dans un ouvrage radicalement différent du Turquetto , en ce qui concerne le synopsis, du moins. Car, au fil de ma lecture j’y ai retrouvé en filigrane le thème de la religion distillé avec beaucoup d’intelligence.
Avec la fille des Louganis, l’auteur embarque son lecteur tour à tour sur une petite ile grecque Spetses, à Athènes, la grande ville, puis Genève, en lieu plus neutre.
A ces trois localités, correspondent 3 étapes dans la vie de Pavlina Louganis, qui dans sa jeunesse aima avec passion son cousin Aris sur l’ile de Spetses, vivra un exil forcé à Athènes, puis se reconstruira à Genève.
La malédiction familiale, les secrets, les fautes des uns et des autres en décideront autrement.
Si l’inceste, avec ses drames et ses secrets, est au cœur de ce roman, Metin Arditi y adjoint l’homosexualité à une époque et dans une société qui n’est pas encore mure pour l’accepter. C’est peut-être cela qui explique la manière un peu crue parfois avec laquelle elle abordée, sans pour autant que cela en soit insupportable. Le style épuré, souvent chantant, teinté d’une certaine chaleur par les mots grecs délibérément laissés par l’auteur m’a séduite, et confirme le plaisir que j’avais eu à découvrir Metin Arditi, fortuitement, il y a quelques mois.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Pavlina, sa sincérité, son amour irradiant, son sens du pardon, sa quête m’ont touchée.
Metin Arditi -Actes Sud (août 2007)-237 pages
Né en 1945 à Ankara, Metin Arditi vit à Genève. Il préside l'Orchestre de la Suisse romande et la fondation Les Instruments de la Paix-Genève. Son œuvre est publiée chez Actes Sud : Dernière lettre à Théo (2005), La Pension Marguerite (2006 ; Babel n° 823, prix Lipp Suisse 2006), L'Imprévisible (2006, prix de la Radio suisse romande 2007 ; Babel n° 910), Victoria-Hall (Babel n° 726), La Fille des Louganis (2007 ; Babel n° 967), Loin des bras (2009 ; Babel n° 1068) et Le Turquetto (2011).
Le challenge ABC critiques Babélio , 1/26 [A]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire