jeudi 8 septembre 2011

L'écriture ou la vie


Déporté à Buchenwald, Jorge Semprun est libéré par les troupes de Patton, le 11 avril 1945. L'étudiant du lycée Henri IV, le lauréat du concours général de philosophie, le jeune poète qui connaît déjà tous les intellectuels parisiens découvre à Buchenwald ce qui n'est pas donné à ceux qui n'ont pas connu les camps : vivre sa mort. Un temps, il va croire qu'on peu exorciser la mort par l'écriture. Mais écrire renvoie à la mort. Pour s'arracher à ce cercle vicieux, il sera aidé par une femme, bien sûr, et peut-être par un objet très prosaïque : le parapluie de Bakounine, conservé à Locarno. Dans ce tourbillon de la mémoire, mille scènes, mille histoires rendent ce livre sur la mort extrêmement vivant. Semprun aurait pu se contenter d'écrire des souvenirs, ou un document. Mais il a composé une oeuvre d'art, où l'on n'oublie jamais que Weimar, la petite ville de Goethe, n'est qu'à quelques pas de Buchenwald.
A plusieurs reprises j’ai été émue par les témoignages audiovisuels de Jorge Semprun. Son décès il y a peu m’a incitée fortement à le lire…enfin si j’ose dire. C’est peu dire que j’en attendais beaucoup, trop peut-être ? Car je suis extrêmement déçue de cette lecture.

Par le contenu, en premier lieu. J’attendais autre chose. J’attendais un témoignage sur sa déportation. Or il ne s’agit pas tout à fait de cela ; pas que de cela en tout cas.
Par les longs passages consacrés à la philosophie, aux auteurs, en second lieu. Certes il fut étudiant en philosophie, mais cela m’a semblé ennuyeux, trop copieux, trop !! En somme cela m’a paru "j’en mets plein la vue  avec tout ce que je sais… " Alors que je n’ai guère d’atome crochu avec cette matière si abstraite à mes yeux et à mon cerveau, je me suis senti engloutie et écrasée, au point de me demander sérieusement ce que tout cela faisait là, dans ce livre là…
Par le fouillis permanent que constitue ce livre, ensuite. Je n’ai pas aimé du tout ce manque d’organisation, ces aller et retour incessant et répétitifs .Il saute sans cesse du coq à l’âne, pour revenir à l’âne, et repartir vers autre chose…..J’aime les choses quand elles sont clairement exposées. J’aime  que les idées soient organisées, structurées…bref, j’aime bien m’y retrouver.
Enfin, je suis triste du peu de sensations que m’a occasionnées cette lecture. J’attendais d’être remuée, interpellée, secouée. J’attendais de l’émotion, j’attendais d’entendre raisonner cette corde intérieure, cette petite musique qui est le signe d’une belle lecture. Je m’attendais à cheminer avec Semprun…Et bien non, rien ; ressenti zéro, émotion nulle, calme plat, bouleversement avorté, secousses réduites à néant…

Pour finir sur une note plus positive, je reconnais que l’écriture est élégante, les références solides. Hélas cela ne fait pas tout.
Jorge Semprun- Gallimard Collection Folio n°2870-395 pages

Lu dans le cadre du challenge le nez dans les livres proposé par George.

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