mercredi 14 septembre 2011

Tu, mio


«Je comprenais mal pourquoi la virilité devait ignorer la douleur. Je la voyais appliquée aux hommes, j’essayais de la reproduire quand mon tour venait.
Lorsque j’arrivai sur la plage, mon effort pour me taire m’avait donné de la fièvre et Daniele montra à tout le monde la gloire de ma blessure. La curiosité d’une jeune fille jamais vue jusque-là, le contact de ses mains avec la mienne pleine de trous, chassèrent ma douleur de là aussi. Elle s’appelait Caia.»

Années cinquante, sur une île de pêcheurs. Un garçon de seize ans passe l’été dans la famille de son oncle. Il y côtoie un groupe de jeunes gens, dont Daniele, son cousin, et Caia, une mystérieuse jeune femme d’origine juive. Cette rencontre décisive va amorcer en lui une prise de conscience de la complexité de la condition humaine.
Avec une écriture limpide et poétique, ce court roman se lit d’une traite. Il ne s’y passe pas grand-chose, le rythme n’y est pas fulgurant, et pourtant….il sait vous tenir.

Le temps d’un été, le jeune garçon va passer sans rendre compte de l’enfance à l’âge adulte. Caia, est une jeune fille juive qu’il va rencontrer, avec qui il va découvrir l’amour, et la nature humaine, dans l’Italie de l’après guerre, où il reste des zones d’ombre.

« C’est ainsi qu’on tombe amoureux, en cherchant dans la personne aimée le point qu’elle n’a jamais révélé, qu’elle offre en don uniquement à celui qui interroge qui écoute avec amour. »
 Il va y laisser l’insouciance et côtoyer les réalités d’un passé encore proche, mais pas encore tout à fait clair
 Une histoire solaire, qui donne très envie d’approfondir l’œuvre de cet auteur.

« La morsure de la murène avait laissé un dessin de trous, une lettre claire sur ma peau foncée. Elle avait mis sa main juste là et c’était le geste le plus intime qu’une femme avait eu pour moi. Elle touchait la surface d’une douleur, une prise nette capable de la raviver comme de l’adoucir. Je suis là, disait sa main sur la blessure, je t’accompagne loin, le temps d’une chanson, et je tiens ta douleur dans ma main. »
Erri de Luca-Folio n° 5207(mars 2011)-144 pages


Erri de Luca est né à Naples en 1950 et vit aujourd’hui près de Rome. Venu à la littérature « par accident » avec Pas ici, pas maintenant, son premier roman mûri à la fin des années quatre-vingt, il est depuis considéré comme un des écrivains les plus importants de sa génération, et ses livres sont traduits dans de nombreux pays. En 2002, il a reçu le prix Femina étranger pour Montedidio.


2 commentaires:

  1. S'il ne se passe pas grand chose dans ce roman, je vais attendre un peu, parce qu'en ce moment j'ai des envies de romanesque. Cela dit, ce livre est sur ma pile italienne, alors j'y viendrai forcément...

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