mardi 29 novembre 2011

Opium Poppy


Encore et encore, on lui demande comment il s’appelle. La première fois, des gens lui avaient psalmodié tous les prénoms commençant par la lettre A. Sans motif, ils s’étaient arrêtés sur Alam. Pour leur faire plaisir, il avait répété après eux les deux syllabes. C’était au tout début, à Paris. On venait de l’attraper sur un quai de gare, à la descente d’un train…
Au fil de cette traque à l’enfant, se dessine l’histoire d’Alam. Celle d’un petit paysan afghan, pris entre la guerre et le trafic d’opium, entre son désir d’apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour un frère tête brûlée et l’amour éperdu qu’il porte à une trop belle voisine… Ce surprenant roman à la précipitation dramatique haletante éclaire la folle tragédie des enfants de la guerre. « Qui aura le courage d’adopter le petit taliban ? » semble nous demander avec une causticité tendre l’auteur d’Opium Poppy .
« Les gosses, on les engage, ou on les abandonne. »

« Jeune ou vieux, quand on vit dans la rue, l’essentiel est de montrer bonne figure. »

« Il n’existe pas d’instance pour la mémoire piétinée. »



Ma première rencontre avec l’auteur m’avait un peu déçue. Son dernier roman , m’a en revanche permis d’apprécier une écriture de qualité, et une histoire émouvante.

Comment de Kaboul, aux faubourgs de Paris, la vie d’un enfant va basculer ?

Hubert Haddad, va nous faire partager le quotidien d’Alam l’évanoui, qui dit son sobriquet à un épisode bien précis de son enfance, et qui porte le même prénom ue son frère. Alam, Afghan ; enfant abandonné à lui-même dans un pays qui a sacrifié sa jeune génération au nom de l’obscurantisme, la violence.

Hubert Haddad a évité l’écueil de l’immobilisme, en alternant sa narration. L’Afghanistan, où les enfants sont livrés à eux-mêmes, s’adonne aux trafics, et sont souvent la cible des groupes armés ; un camp de réfugiés, non loin de Paris,  où ils sont devenus d’autres cibles, sont les otages d’autres gens pas plus recommandables.

Fuir la misère, le chaos, l’absence de d’avenir, pour se retrouver dans d’autres misères, sans plus d’avenir devant soi. Tel est le destin d’ Alam.

Ce texte est touchant, et par des mots et images parfois durs ne cachent rien de cette réalité, tant là-bas, qu’ici ; mais l’auteur le fait malgré tout avec une certaine retenue.

Hubert Haddad-Zulma( Août 2011) -170 pages


Hubert Haddad est un écrivain de langue française, né à Tunis en  1947, poète, romancier, historien d’art et essayiste français d'origine tunisienne.
Il a passé son enfance à Paris. Après des études de lettres, il publie dès vingt ans son premier recueil de poèmes. Il fonde ensuite Le point d'être, revue littéraire, et par ce biais publie des inédits d'Antonin Artaud.
Depuis Un rêve de glace, son premier roman, jusqu'aux interventions borgésiennes de l'Univers, étonnant roman-dictionnaire, ou Palestine, fiction hantée par le conflit du Proche Orient (Prix des cinq continents de la Francophonie 2008), Hubert Haddad nous implique magnifiquement dans son engagement intellectuel, de poète et d'écrivain.





23 ème ouvrage lu dans le cadre du challenge organisé par Hérisson.






8 ème ouvrage lu dans le cadre du challenge organisé par les agents littéraires.

1 commentaire:

  1. Je l'ai lu il y a eu de temps mais j'ai eu beaucoup de mal à me mettre dedans. Trop dur...

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