Michael K, dont la couleur de peau n'est jamais mentionnée, homme frustre et solitaire, quitte Le Cap accompagné de sa mère et se lance sur les routes. Contrôles, interdictions, combats ne l'empêcheront pas d'accomplir son périple, remontant toujours plus loin au nord, en quête d'une ferme-refuge originelle où il espère vivre paisiblement. Il parvient seul en ce lieu reculé, sa mère n'ayant pas supporté le voyage. A partir de quelques graines retrouvées par hasard, il cultive son champ et crée son petit paradis. Mais la guerre ne s'arrête pas, elle, et bien vite le rattrape. Pourtant, malgré les emprisonnements, la cruauté et le dénuement, Michael K ne se pliera pas aux lois des hommes... Avec ce roman, J. M. Coetzee nous donne à lire une superbe parabole, à la fois sombre et éblouissante, sur la dignité humaine.
« Les nuits passée parmi les mourants dans les couloirs de l’hôpital Somerset lui avaient fait comprendre à quel point le monde pouvait être insensible au sort d’une vieille femme atteinte d’une maladie dégradante, en temps de guerre. Incapable de travailler, elle voyait bien qu’entre elle et le caniveau il n’y avait que la bienveillance précaire des Buhrmann, le sens du devoir d’un fils à l’esprit lent, et en dernier secours les économies qu’elle concernait sous son lit. » p16
Ces quelques lignes, au début du livre, donnent un aperçu de l’ambiance du pays dans lequel se situe ce roman, et de ses inégalités : l’Afrique du sud.
Michael K, est un homme un peu simplet, que la vie n’a pas gâté, jardinier à la ville du Cap ; il vit seul avec sa mère, malade, et domestique dans une riche famille. D’un naturel dévoué, et n’écoutant que son cœur, il entreprend, faisant fi de tous les périls, de ramener sa mère dans sa province natale où elle souhaite vivre ses derniers instants.
Dans un pays en guerre, il va vivre une vie spartiate, dans un profond dénouement. Rien n’y fera, il ne se pliera pas aux lois des hommes malgré l’emprisonnement, la cruauté, et la précarité. « Maintenant, dans sa caverne, il nouait parfois ses doigts derrière la tête, fermait les yeux et vidait son esprit, ne désirant rien, n’espérant rien. » p91
L’ambiance générale de roman est noire, reflet d’un pays plongé dans le chaos. Mais le plus déroutant, a été pour moi le caractère spartiate de l’écriture ; elle est sans fioriture, presque brute, rêche .Le texte est compact, sans aération. Trois parties le composent, mais la première, consacrée à sa vie avant son internement au camp de Kenilworth, occupe les 2/3 du roman, sans aucun chapitre, ni paragraphe clairement distincts. Cela a rendu ma lecture longue et laborieuse, parfois oppressante. Les deux autres parties, sont beaucoup plus courtes et, bien que compactes, m’ont paru plus faciles d’accès. L’auteur, change de narrateur entre les deux parties, pour revenir au premier dans la dernière………
Dans cet océan de malheur, de pessimisme, d’inhumanité, il y a tout de même une lueur de bonté, sous les traits d’un pharmacien devenu médecin militaire d’occasion qui va comprendre qui se cache derrière Michael.
Au final pour aussi déroutante que fut cette lecture, je ne regrette pas de l’avoir menée à son terme. Je ne connaissant pas son auteur, et puisque parait-il, il « n’applique jamais la même recette à deux ouvrages, ce qui contribue à la grande variété de son œuvre. », selon les termes du jury Nobel, je tenterai à nouveau une incursion dans son univers des mots.
John Maxwell Coetzee-Points-230 pages-Prix Booker/prix Fémina étranger
quelques mots sur l'auteur
L'écrivain sud-africain J.M. Coetzee, qui a reçu le prix Nobel de littérature 2003, a placé l'apartheid et ses stigmates au centre de son œuvre. D'ascendance anglo-allemande, John Maxwell Coetzee est né en 1940 au Cap, en Afrique du Sud. Scolarisé dans un établissement anglophone, il s'installe en Grande-Bretagne au début des années 1960, où il exerce la profession de programmateur informatique. Il délaisse rapidement cette activité pour embrasser des études d'histoire et de littérature aux Etats-Unis.
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