Amos Oz, romancier majeur de la jeune génération israélienne, celle qui est née en Israël, nous suivre ici ses souvenirs d’enfance. Il ne se contente pas de se raconter, il est aussi un témoin de l’histoire de son pays, et au-delà celle de son peuple. L’ouvrage fourmille de détails que l’absence de linéarité rend vivant, et, compense avantageusement la richesse et la complexité (parfois) linguistique et culturelle. La lecture en est de fait aussi agréable qu’un roman, et intellectuellement enrichissante comme un livre d’histoire. Ses souvenirs d’enfance arrivent assez tardivement dans la bibliographie de l’auteur, ce qui se comprend aisément au fur et à mesure de la lecture.
Ces derniers s’articulent autour de 3 axes principaux, qui ne font évoqués distinctement, mais subtilement tout au long de son ouvrage.
• L’aspect politique et historique
Natif de Jérusalem, la famille d’Amos Oz est originaire d’Europe centrale, et a entrepris l’Alya en 1933 et s’installe en Eretz-Israël. Le jeune Amos va vivre la création de l’état d’Israël en étant préparé au sionisme. Lui-même se fera sa propre expérience au sein d’un Kibboutz. J’ai trouvé ses passages d’un grand intérêt, parce que les grandes figures de l’époque sont présentes, et il les a côtoyées de près, mais surtout parce que qu’il est d’une grande lucidité, et d’une grande tolérance. Seul comptait à ce moment-là bouter les anglais hors de cette région pour pouvoir y vivre libre, construire une nation, et accueillir les rescapés des camps nazis.
J’ai été frappée par la haute conscience politique de ce gamin de 8 ans, qui suivait à la radio les travaux de L’ONU sur le vote ou pas de la création de l’état
• L’aspect littéraire
Amos Oz grandit au sein d’une faille d’intellectuels, et de grands lettrés, sans avoir forcément pu avoir le parcours professionnel qu’ils méritaient, en particulier son père. Le jeune garçon est très jeune imbibé de littérature aussi bien classique, que judaïque. Sa prose est riche, son style est raffiné.
• L’aspect familial et affectif
Amos Oz saura me toucher dans le drame familial qui le frappe alors qu’il a douze ans. Ce deuil, il n’en parlera pas d’emblée, mais insidieusement, de- ci de –là, pour y revenir plus longuement. C’est une blessure qui ne s’est jamais complètement refermée. Un épisode de sa vie qui a sans aucun doute façonné sa vie d’homme et de père.
Ses rapports avec le père sont compliqués. Cela passera par un changement de nom, une expérience communautaire qui changera ses visions du sionisme.
« Je lui en voulais d’être partie sans me dire au revoir, sans m’embrasse, sans explication : pourtant même un parfait étranger, un coursier un colporteur qui frappait à la porte, ma mère ne le laissait jamais repartir sans lui proposer un verre d’eau, sans un sourire, un mot d’excuse, quelques paroles aimables. Quand j’étais petit elle ne me permettait jamais d’aller seul à l’épicerie dans une cour inconnue ou un jardin public. Comment avait-elle pu ? »
Ce livre, épais, peut impressionner au premier abord, le portrait de famille de la couverture a une allure austère, un peu froide. L’ouvrage est d’une richesse inouïe, d’une lecture agréable. Il est à mon sens incontournable.
4ème de couverture :
" Tu veux jouer à inventer des histoires ? Un chapitre chacun ? Je commence ? Il était une fois un village que ses habitants avaient déserté. Même les chats et les chiens étaient partis. Et les oiseaux aussi... " Le petit garçon qui joue ainsi à inventer des histoires à la demande de sa mère est devenu un grand romancier. Sa mère n'est plus là, mais il tient malgré tout à poursuivre la relation de l'existence tumultueuse de sa famille et de ses aïeux. Son récit quitte donc le quartier modeste de Jérusalem où il est né, remonte le temps, retourne en Ukraine et en Lituanie, et fait revivre tous les acteurs de cette tragi-comédie familiale, qu'ils soient prophète tolstoïen, séducteur impénitent, mauvais poète, kibboutznik idéaliste ou vrai savant. Leurs vies sont parfois broyées par la grande Histoire - l'Europe les rejette, l'Orient se montre hostile - et toujours marquées par leurs propres drames intimes, illusions perdues et rêves avortés. Au cœur d'une narration riche, d'une ampleur et d'une puissance romanesque jusque-là inconnue dans l'œuvre d'Amos Oz, la disparition tragique de la mère demeure la question à laquelle ce roman cherche une réponse. Une histoire d'amour et de ténèbres est un livre bouleversant où la vie d'un peuple et la vérité d'un homme se confondent
Quelques mots à propos de l'auteur:
Amos Oz est né à Jérusalem en 1939. Il commence ses études dans cette ville et termine le cycle secondaire au kibboutz Houlda, dont il est membre depuis 1957. Après son service militaire, il travaille dans différents secteurs de l'exploitation agricole du kibboutz. Diplômé de littérature et de philosophie de l'université hébraïque de Jérusalem, il a enseigné au lycée du kibboutz. Il est marié et père de trois enfants. Pendant la guerre des Six-Jours, officier de réserve, il a pris part au combat de blindés du Sinaï. Il est connu pour ses articles politiques et idéologiques publiés en Israël et à l'étranger. Il a milité dans le mouvement anti annexionniste après la guerre de 1967. Invité par l'université d'Oxford, il a séjourné un an en Angleterre. Traduit en quatorze langues, Amos Oz est l'auteur de plusieurs romans et nouvelles. C'est la parution de son premier roman, Ailleurs peut-être, qui, en 1971, l'a tout de suite imposé en France. Il est la figure la plus marquante de cette " jeune " génération israélienne aujourd'hui arrivée à maturité. Militant pour une réconciliation israélo-arabe, il est devenu l'un des leaders du mouvement " La Paix maintenant ". Cet engagement est illustré par son ouvrage Les voix d'Israël paru en 1983. Amos Oz a reçu le prix Femina étranger en 1988 pour son roman La boîte noire et le prix de la Paix en 1993.
Pour aller plus loin, d'autres lectures , plus anciennes.....
1. Te retourne pas Handala, Olivier Gérard
2.Le troisième jour,Chochana Boukhobza
3.En retard pour la guerre, Valérie Zenatti
4.Histoire d'une vie, Aaron Appelfeld
Ces derniers s’articulent autour de 3 axes principaux, qui ne font évoqués distinctement, mais subtilement tout au long de son ouvrage.
• L’aspect politique et historique
Natif de Jérusalem, la famille d’Amos Oz est originaire d’Europe centrale, et a entrepris l’Alya en 1933 et s’installe en Eretz-Israël. Le jeune Amos va vivre la création de l’état d’Israël en étant préparé au sionisme. Lui-même se fera sa propre expérience au sein d’un Kibboutz. J’ai trouvé ses passages d’un grand intérêt, parce que les grandes figures de l’époque sont présentes, et il les a côtoyées de près, mais surtout parce que qu’il est d’une grande lucidité, et d’une grande tolérance. Seul comptait à ce moment-là bouter les anglais hors de cette région pour pouvoir y vivre libre, construire une nation, et accueillir les rescapés des camps nazis.
J’ai été frappée par la haute conscience politique de ce gamin de 8 ans, qui suivait à la radio les travaux de L’ONU sur le vote ou pas de la création de l’état
• L’aspect littéraire
Amos Oz grandit au sein d’une faille d’intellectuels, et de grands lettrés, sans avoir forcément pu avoir le parcours professionnel qu’ils méritaient, en particulier son père. Le jeune garçon est très jeune imbibé de littérature aussi bien classique, que judaïque. Sa prose est riche, son style est raffiné.
• L’aspect familial et affectif
Amos Oz saura me toucher dans le drame familial qui le frappe alors qu’il a douze ans. Ce deuil, il n’en parlera pas d’emblée, mais insidieusement, de- ci de –là, pour y revenir plus longuement. C’est une blessure qui ne s’est jamais complètement refermée. Un épisode de sa vie qui a sans aucun doute façonné sa vie d’homme et de père.
Ses rapports avec le père sont compliqués. Cela passera par un changement de nom, une expérience communautaire qui changera ses visions du sionisme.
« Je lui en voulais d’être partie sans me dire au revoir, sans m’embrasse, sans explication : pourtant même un parfait étranger, un coursier un colporteur qui frappait à la porte, ma mère ne le laissait jamais repartir sans lui proposer un verre d’eau, sans un sourire, un mot d’excuse, quelques paroles aimables. Quand j’étais petit elle ne me permettait jamais d’aller seul à l’épicerie dans une cour inconnue ou un jardin public. Comment avait-elle pu ? »
Ce livre, épais, peut impressionner au premier abord, le portrait de famille de la couverture a une allure austère, un peu froide. L’ouvrage est d’une richesse inouïe, d’une lecture agréable. Il est à mon sens incontournable.
Une histoire d'amour et de ténèbres, Amos Oz
Gallimard (Février 2004)/ Folio (Octobre 2005)
543/852 pages
4ème de couverture :
" Tu veux jouer à inventer des histoires ? Un chapitre chacun ? Je commence ? Il était une fois un village que ses habitants avaient déserté. Même les chats et les chiens étaient partis. Et les oiseaux aussi... " Le petit garçon qui joue ainsi à inventer des histoires à la demande de sa mère est devenu un grand romancier. Sa mère n'est plus là, mais il tient malgré tout à poursuivre la relation de l'existence tumultueuse de sa famille et de ses aïeux. Son récit quitte donc le quartier modeste de Jérusalem où il est né, remonte le temps, retourne en Ukraine et en Lituanie, et fait revivre tous les acteurs de cette tragi-comédie familiale, qu'ils soient prophète tolstoïen, séducteur impénitent, mauvais poète, kibboutznik idéaliste ou vrai savant. Leurs vies sont parfois broyées par la grande Histoire - l'Europe les rejette, l'Orient se montre hostile - et toujours marquées par leurs propres drames intimes, illusions perdues et rêves avortés. Au cœur d'une narration riche, d'une ampleur et d'une puissance romanesque jusque-là inconnue dans l'œuvre d'Amos Oz, la disparition tragique de la mère demeure la question à laquelle ce roman cherche une réponse. Une histoire d'amour et de ténèbres est un livre bouleversant où la vie d'un peuple et la vérité d'un homme se confondent
Quelques mots à propos de l'auteur:
Amos Oz est né à Jérusalem en 1939. Il commence ses études dans cette ville et termine le cycle secondaire au kibboutz Houlda, dont il est membre depuis 1957. Après son service militaire, il travaille dans différents secteurs de l'exploitation agricole du kibboutz. Diplômé de littérature et de philosophie de l'université hébraïque de Jérusalem, il a enseigné au lycée du kibboutz. Il est marié et père de trois enfants. Pendant la guerre des Six-Jours, officier de réserve, il a pris part au combat de blindés du Sinaï. Il est connu pour ses articles politiques et idéologiques publiés en Israël et à l'étranger. Il a milité dans le mouvement anti annexionniste après la guerre de 1967. Invité par l'université d'Oxford, il a séjourné un an en Angleterre. Traduit en quatorze langues, Amos Oz est l'auteur de plusieurs romans et nouvelles. C'est la parution de son premier roman, Ailleurs peut-être, qui, en 1971, l'a tout de suite imposé en France. Il est la figure la plus marquante de cette " jeune " génération israélienne aujourd'hui arrivée à maturité. Militant pour une réconciliation israélo-arabe, il est devenu l'un des leaders du mouvement " La Paix maintenant ". Cet engagement est illustré par son ouvrage Les voix d'Israël paru en 1983. Amos Oz a reçu le prix Femina étranger en 1988 pour son roman La boîte noire et le prix de la Paix en 1993.
Escale israélienne avec Lucie .
Pour aller plus loin, d'autres lectures , plus anciennes.....
1. Te retourne pas Handala, Olivier Gérard
2.Le troisième jour,Chochana Boukhobza
3.En retard pour la guerre, Valérie Zenatti
4.Histoire d'une vie, Aaron Appelfeld
J'ai relu "Soudain dans la forêt profonde" mais j'avais également dans ma PAL "Ailleurs peut-être" que je n'ai pas eu le temps de lire pour aujourd'hui... mais que je compte lire plus tard.
RépondreSupprimerCe Challenge Destination nous donne vraiment envie de découvrir un peu plus la littérature du pays...
J'ai lu Ailleurs peut-être du même auteur et je n'ai pas été convaincue. Si le fond (la vie dans un kibboutz) m'a plu, la forme et l'histoire n'ont ennuyée.
RépondreSupprimerHistoriquement et humainement, il me semble intéressant et il pourrait m'ouvrir encore une autre façette sur Israël.
RépondreSupprimerJe n'aime habituellement pas les écrits d'Amos Oz mais ce texte m'avait vraiment bien plu.
RépondreSupprimerUn coup de coeur pour moi aussi. Ma lecture date de 2008 :
RépondreSupprimerhttp://sylire.over-blog.com/article-17929390.html
J'ai podcasté il y a peu de temps un autre de ses livres en feuilleton sur France Culture. Je le lirai un de ces jours et en ferai certainement un billet.
C'est un auteur que j'ai l'intention de lire depuis longtemps, mais pourquoi est-ce que je ne trouve jamais l'occasion ?
RépondreSupprimerJe note ce titre que j'aimerai beaucoup lire, après une première lecture d'Amos Oz pour ce challenge!
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