lundi 10 avril 2017

Le fleuve des brumes



Il pleut sans discontinuer ; le Pô déborde et inonde les terres aux alentours. Il fait froid, la visibilité est proche de zéro. Sur le fleuve qui n’a plus de repère, une péniche n’en n’a  visiblement plus non plus ; elle file droit devant elle. On finira par la retrouver ; mais il n’y a personne à bord. Mystère…..

Non loin de là, le frère du batelier est retrouvé mort, défenestré. Etrange…..

Soneri, le commissaire entre en scène, tout doucement. Il faut dire que ce n’est pas un grand démonstratif. Plutôt un taiseux, qui aux grandes envolées lyriques  (clin d’œil à son téléphone aux airs d’Aïda), préfère les avancées silencieuses.

D’ailleurs dans le coin, on n’est  aussi plutôt pas très causant. C’est que les mauvais souvenirs du passé sont encore très vivaces. Le fascisme, les chemises noires qui ont sérieusement malmené les résistants communistes….

Soneri est confronté au passé qui n’a visiblement pas, encore été soldé. Il va lui falloir comprendre, faire parler ceux qui le peuvent encore.

Le fleuve des brumes est avant tout un roman d’atmosphère, très visuel dans son agencement. Il m’a rappelé certaines scènes du retour de Don Camillo dans ses paysages de désolation. Il ne faut s’attendre à du polar sur vitaminé ; mais au contraire accepter de se laisser guider au rythme fluvial , au milieu de nulle part, entouré de brume de mystère et de fantômes…

La vengeance est un plat qui se mange froid dit-on. Rien ne presse, elle arrivera quand le moment sera venu. Tel semble être le message  de cette histoire qui se laisse rapidement adopter, tant par l’excellent travail du traducteur qui a su rendre la couleur sombre et pénétrante aussi bien des personnages que des lieux.

Encore  une très belle publication de la toute jeune maison d’éditions Agullo 
Le fleuve des brumes, de Valerio Varesi, traduit de l’italien par Sarah Amrani, aux éditions Agullo (Mai 2016, 310 pages).
Né de parents parmesans en 1959, Valério Varesi est diplômé en philosophie de l’Université de Bologne après une thèse sur Kierkegaard.

Il devient journaliste en 1985, collabore à plusieurs journaux et est actuellement rédacteur de "Repubblica" à Bologne.

Il publie "Ultime notizie di una fuga", son premier roman, en 1998.

Il est l’auteur de onze romans au héros récurrent, dont "Le fleuve des brumes" nominé au prestigieux prix littéraire italien Strega ainsi qu'au Gold Dagger Award en Grande Bretagne.

Les enquêtes du commissaire Soneri, amateur de bonne chère et de bons vins parmesans, sont traduites en huit langues.

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