vendredi 9 juillet 2010

La reine des lectrices



Que se passerait-il outre-manche si Sa Majesté la Reine se découvrait une passion pour la lecture ? Si, d’un coup, rien n’arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu’elle en vienne à négliger ses engagements royaux ?
C’est à cette drôle de fiction que nus invite Alan Bennet, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les sœurs Brontë, Jean Genet et bien d’autres défilent sous l’œil implacable d’Elisabeth, cependant que le monde so british de Buckingham Palace s’inquiète. Du valet de chambre au Prince Philip, tous grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l’implacable protocole de la maison Windsor.
Un succès mondial a récompensé cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture.
Que n’a-t-on pas écrit et dit sur la Reine d’Angleterre. Tout le monde sait tout et rien à propos de cette femme qui ne s’exprime jamais sur ses idées et ses loisirs.
Le fait de faire de cette femme un personnage de roman, m’a poussée à y regarder de plus près.
La Reine se promène avec ses compagnons à quatre pattes dans les jardins de son Palais se retrouve de façon inattendue dans le bibliobus stationné à deux pas de là. Un peu gênée de se trouver là, la souveraine emprunte un livre …ainsi nait une passion qui ne sera pas au goût de tout le monde.
Ce livre est drôle, caustique et original .L’auteur met en scène un personnage publique quelque peu inaccessible dans une situation des plus banales. Il réussit en partant d’une histoire improbable, à engager le lecteur à s’interroger sur la lecture en général et tout ce qu’elle apporte.
Lire enrichit l’esprit, rend libre, permet à l’individu se construire son propre jugement sur les choses qui l’entourent.
Et la Reine dans tout cela ? C’est bien parce qu’elle découvre les pouvoirs de la lecture, et qu’elle s’affranchit d’un certain nombre de contraintes qu’elle inquiète son entourage à un tel point que ce dernier finira par éloigner celles et ceux qui l’encouragent dans sa nouvelle passion. C’est comme si la Reine devait s’en tenir à son rôle de représentation, et rester fidèle à sa devise « never explain, never complain »,
L’auteur, par le biais d’un roman sans prétention, superficiel au premier abord, drôle, et pince sans rire, met le lecteur en garde contre la tentation de la facilité. Je reste convaincue que la lecture affranchit l’Homme, et le rend pleinement acteur du monde dans lequel il vit

Alan Bennet,Folio, 122 pages

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