samedi 16 octobre 2010

Les porteurs de glace


Nico et Lou Desbrogé cachent leur drame familial au monde extérieur : leur fille adoptive a quitté la maison. Puisqu'elle est majeure, ils ne l'ont pas fait rechercher, mais son absence accentue l'éloignement, l'incompréhension et le silence qui depuis longtemps brisent leur couple.
Nico est psychiatre, il vient d'obtenir la direction de l'hôpital dans lequel il travaille depuis de nombreuses années. Aussi rigide dans ses nouvelles fonctions que chez lui, il se heurte peu à peu à de graves conflits sociaux au sein de l'établissement.
Totalement isolé, il va s'attacher à une jeune stagiaire prénommée Eva. Visiblement surmené, il s'octroie une escapade avec elle en Belgique, mais à l'aube, malgré son acharnement à ne rien laisser paraître, à maîtriser sa douleur face à la disparition de sa fille, il abandonne Eva et part au hasard en voiture. Après avoir tenté de joindre Lou au téléphone, il perd le contrôle de son véhicule…
"Lou et lui étaient des copains. Tout ce qu’ils avaient traversé ensemble était si important, si particulier-on ne pouvait le partager avec un autre. Pas elle. Ce secret glacé dont ils ne parlaient jamais appartenait à eux seuls" p99 (édition de poche)
Tels des porteurs de glaces, des montagnes d’autrefois qui amènent la fraicheur aux gens des villes, Lou et Nico portent leur fardeau…….
Il règne une atmosphère bien étrange tout au long de ce court roman. Les personnages principaux que sont Lou et Nico sont énigmatiques. Elle, professeur de français en collège, lui, psychiatre. Tous deux vivent ensemble, mais semblent à des années lumières l’un de l’autre. Ils communiquent peu ensemble. Fatalement, l’avenir ne semble pas des plus roses pour eux deux. Chacun s’enferme dans ses non dits, tente de résoudre, de son côté, le problème commun qui les taraude. Finalement on sait peu de chose sur eux deux, encore moins sur leur fille. La lecture de ce roman, dont l’écriture est agréable, et assez fine, est facile. Il est heureux qu’il ne soit pas trop long, car l’atmosphère lourde, lugubre, ne m’aurait certainement pas permis de tenir des centaines de pages. Paradoxalement, j’ai trouvé que le contenu de l’histoire manquait tout de même de consistance ; j’aurais aimé en savoir plus, j’aurais aimé que l’auteur développe ses personnages, s’attarde plus sur leur "intériorité". Je reste un peu sur ma faim en arrivant à la fin du livre ; il me reste comme un goût d’inachevé.
Ce sera pour moi un livre de passage : il est venu à moi, et reparti aussitôt, sans avoir imprimé sa marque au fond de moi. Il ne m’a pas interpellée, ni percutée, ni secouée. Un livre, sans plus, ni aimé, ni pas aimé.
Un livre dont le souvenir est déjà loin, très loin.
Livre lu dans le cadre d’une lecture commune avec Partage -Lecture
Anna Enquist- Actes Sud/Babel-142 pages
ABC Challenge Babélio: 7/26 [E]

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