samedi 4 décembre 2010

Rosa candida

Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.
Un coup de cœur pour une lecture serine, limpide, dont les mots et les pages défilent, et qu’il faut savoir mettre en retrait un moment pour mieux la reprendre et ne plus la quitter.
Un livre au format à peine plus gros qu’un livre de poche, mais broché, ce qui en fait un objet agréable à tenir. La couverture aux allures psychédéliques, détonnent avec le caractère tendre, décalé, et hors du temps de cette histoire qui finit dans la lumière.
« Ma fille est immobile, à califourchon sur mes épaules. Je mets ma main en visière et plonge le regard dans l’aveuglante clarté. C’est alors que je la vois, tout en haut, dans le vitrail du chœur, la rose pourpre à huit pétales, à l’instant précis où le premier rayon transperce la corolle et vient se poser sur la joue de l’enfant. »
Ce jeune homme de 22 ans, rouquin, que son père appelle tendrement « mon petit Lobbi, s’en va prendre ses « quartiers d’été » dans un vieux monastère du continent, dont on ne sait ni le nom, ni la localisation, afin de redonner vie à une légendaire roseraie en perpétuant ce que sa mère tant aimée, et disparue lui a appris depuis sa plus tendre enfance. Il n’emporte que quelques boutons de roses, et une photo de sa fille, née d’une brève union d’un soir, et qui porte le doux prénom de Flora Sol.
Seulement voilà le destin sonne toujours à la porte………Anna refait surface, revient avec sa fille dans les bras……..
Parti pour défricher un jardin, c’est avant tout à sa propre vie qu’il va redonner vie. En cela il sera aidé par frère Thomas, vieux moine cinéphile et amateur de bonnes liqueurs qui, l’air de rien va lui l’éclairer.
« Les hasards ont un sens, dit l’abbé »
« Rares sont ceux qui prennent le temps de penser à la mort. Et puis il y a ceux qui n’ont pas le temps de mourir »
Le jardinier des roses va se découvrir Papa. Ce garçon qui au départ parait naïf, parfois un peu simplet, s’avère un homme plein de sensibilité et d’intelligence ; un garçon sans cesse hanté par une mère trop tôt disparue et qu’il ne cesse de faire vivre en l’évoquant constamment.
Ce livre ne manque pas d’humour : « J’éprouve de l’empathie pour saint Joseph. Il a du se sentir bien seul sous la couette »
Audur Ava Olafsdottir-Zulma-336 pages
D'un réalisme sans affèterie, tout l'art d'Audur Ava réside dans le décalage de son personnage, candide, cocasse et tendre. Cette insolite justesse psychologique, étrange comme le jour austral, s'épanouit dans un road movie dont notre héros sort plus ingénu que jamais, avec son angelot sur le dos. Audur Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavík. Rosa candida, largement salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2007 et deux fois primé, est traduit pour la première fois en français.


Livre lu avec Livraddict dans le cadre de "destination Islande"

5 commentaires:

  1. Il est dans ma wish list et je lis de plus en plus de commentaires enthousiastes dessus...

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  2. Très intéressant. J'ai déchlenché une folie islandaise sur mon blog lorsque j'ai écrit sur Sjon. Je ne sais pas s'il a déjà été traduit en français. ça m'a donné envie d'explorere la littérature d'Islande. En voilà une option. Merci.

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  3. A priori il ne fait pas partie des genres que j'affectionne habituellement. Pourtant ton avis me tente....

    A voir

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  4. Très belle avis et je suis contente que ta lecture t'ait plu. Zulma fait en effet de très beaux livres!

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  5. Je ne connaissais le titre que de nom mais je suis contente de voir que ta lecture islandaise t'a plu !

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