jeudi 6 janvier 2011

Maria


Les Vosges sous l'occupation nazie. Maria est institutrice. D'une beauté saisissante, elle coule des jours insouciants avec son mari, Jean, patron du bistrot du coin. Lorsque les maquisards viennent la chercher à l'école devant ses élèves, ils promettent de la ramener bientôt, que tout ira bien… Commence alors le calvaire de Maria. Un calvaire qui durera toute sa vie. Car voilà : Jean est un traître, un collabo, et beaucoup sont morts par sa faute. Pour l'avoir aimé, Maria sera battue, torturée puis violée, avec à jamais gravé en elle la disgrâce et la cruauté de ceux que la France élèvera bientôt au rang de héros. Elle n'en parlera à personne. Cinquante ans plus tard, un jeune homme arrive dans cette vallée par une nuit neigeuse. Il vient rendre visite à l'une des pensionnaires de la maison de retraite. La voix fatiguée d'une conteuse sur les ondes d'une radio locale l'accompagne dans son périple nocturne. Pour ses auditeurs, elle évoque l'histoire de ces terres où gèlent les eaux de la Moselle. Les fantômes du passé planent sur son récit. Avec Maria, Pierre Pelot revient à sa géographie intime, honorant, dans cette langue percutante et sensible, la mémoire d'une région aussi écorchée que son personnage. Alors que la neige fond et devient boue, visages des résistants et des nazis se confondent. Un roman entre drame intimiste et thriller historique, aux paysages blancs issus d'Un roi sans divertissement de Jean Giono.
Elle nous parait bien frêle la Maria , comme on dit chez nous en Lorraine, elle parait comme une petite chose , perdue au fond de la Montagne vosgienne , malmenée par ses semblables, et ce ne sont pas forcément ceux qu’on croit qui sont les méchants…..Et pourtant, elle ne dira rien...elle assumera, comme on dit maintenant, vivra sa vie cahin -caha, sans se plaindre. Du fond de sa maison de retraite, elle raconte sur une station radio locale sa Lorraine, dont les propos, en italique, viennent couper ce court mais intense récit de Pierre Pelot, fin connaisseur des lieux puisqu’il y est né, comme pour mieux laisser aller le lecteur dans ce bout de Lorraine, et pour laisser planer encore un peu le mystère…..car mystère il y a , forcément……….
Un récit rude comme la vie d’autrefois dans ces vallées reculées des Vosges , avec l’accent de là –bas, s’il vous plait, ça fait plus vrai, et plus rustique.
Mais qu’on ne s’y prenne pas, elle a beau ne rien avoir dit du tout, elle se souvient de tout, la Maria. Et croyez moi, on a rancune tenace, dans le pays ; parole de demi-vosgienne……
« Il ne savait rien de la région. Ça ne lui était jamais venu à l’esprit qu’on pût y vivre. (…) Quelques clichés, bien sûr, à se mettre sous la dent, pas mieux. La ligne bleue des Vosges, les bucherons vosgiens, la Bête des Vosges, l’affaire Grégory……….Comme des sortes d’accrocs dans un paysage lisse de montagnes rondelettes couvertes de sapins. »
Je remercie chaleureusement Bob et les éditions Héloïse d’Ormesson qui m’ont permis de lire un auteur Lorrain que je ne connaissais pas encore, et dont je suivrai le travail.
Pierre Pelot-Héloïse d'Ormesson-128 pages
Né en 1945 à Saint-Maurice-sur-Moselle où il vit toujours, Pierre Pelot a signé plus d’une centaine de livres, du polar à la SF. Il est l’auteur notamment de L’Été en pente douce, C’est ainsi que les hommes vivent (prix Erckmann-Chatrian), Méchamment dimanche (prix Marcel Pagnol), L’Ombre des voyageuses (prix Amerigo Vespucci) et La Montagne des bœufs sauvages.

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup Pierre Pelot (je ne savais pas qu'il était Lorrain). Je note ce titre avec plaisir, merci !

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