jeudi 31 mars 2011

Le septième fils


Les soirées sont longues à Isafoldur, la capitale des fjords de l'ouest de l'Islande, quand on est chargé de traquer le scoop par un rédacteur en chef avide de sensationnel, et qu'on rêve de retrouver sa nouvelle petite amie laissée à Reykjavik. Et puis on découvre que les bars des hôtels abritent des célébrités intéressantes, une séduisante vedette du football national et son copain d'enfance qui le suit comme son ombre et profite de ses conquêtes, une chanteuse pop qui a failli gagner le titre de Nouvelle Star, un brillant avocat d'affaires, les groupies respectives de ces gens importants, et des groupes d'adolescents en révolte. Des maisons brûlent, des tombes sont profanées, des touristes lituaniens sont volés et soupçonnés de trafic de drogue, tout s'emballe... Einar, le correspondant du Journal du soir, mène l'enquête avec son air désabusé, sa nonchalance et une ironie qui lui permettent d'apprivoiser les témoins et de porter un regard sans préjugés sur les événements.
Ayant déjà eu l’occasion de lire son compatriote Indridason, j’étais déjà de fait familiarisée avec l’ambiance si particulière de la littérature policière Islandaise. Elle est à l’image des lieux, brouillardeuse, dépouillée, minérale, avec des personnages un peu cafardeux comme la météo locale. L’action y donc ralentie, comme le froid et peut ralentir, voir parfois mettre en hibernation tout un tas de personnages.
En effet, dans ce troisième roman d’Arni Thorarinsson, l’action se déroule sur 26 jours, autant de chapitres, plus un petit dernier, qui lui se passe quelques jours plus tard…..Chaque chapitre a pour intitulé le nom du jour. On pourrait presque penser à un journal.
Et de journal, il sera beaucoup question dans ce livre, puisque notre personnage principal, justement, est journaliste dans la presse écrite.
Il mène donc l’enquête sur une ile bien petite, où tout le monde se connaît. Cependant, bien plus qu’une enquête, l’auteur nous offre, sous cette forme, un tableau sociologique d’un pays que l’on devine en plein chamboulement. L’Islande, qui longtemps est resté un peu à l’écart des autres pays européens, en gardant un attachement fort avec ses traditions…Mais, les temps changent, le pays aussi, et il se voit confronté avec tous les aléas de la mondialisation. Et ce sont ces aléas, ses travers, et ses perversions qui émanent de tous ces faits divers et tragiques qu’Einar, notre journaliste, qu’on imagine assez mal dans sa peau, avec ses soucis et ses démons, va tenter de d’élucider, à son rythme, au rythme de l’Islande et de ses caprices météo (pas de volcans fumeux ici…).Le suspense est assez bien tenu, par la multiplicité des évènements, des lieux, des pistes. Et puis, il y a le mystère du titre, qui ne s’éclaircira qu’assez tard dans l’enquête, ce qui intrigue le lecteur, et l’entraine au fil des pages.
Nous croiserons une multitude de personnages, ayant tous un prénom improbable, assorti comme c’est la coutume dans le pays d’un surnom tout aussi improbable, qui se révèlent être une photographie de la société islandaise en mutation.
Le rythme de l’écriture, ne m’a pas gênée outre-mesure, pas plus que la linguistique qui peut en rebuter plus d’un lecteur. J’ai l’âme voyageuse, et m’adapte facilement à ce goût de l’ailleurs.
J’ai beaucoup apprécié ce livre, ce voyage au pays des geysers, et de la grisaille, et de fait, je ne compte pas m’en éloigner très longtemps.
Arni Thorarinsson-Métalié (septembre 2010)-380 pages
Arni Thorarinsson est né en 1950 à Reykjavík où il vit actuellement. Après un diplôme de littérature comparée à l’université de Norwich en Angleterre, il devient journaliste dans différents grands journaux islandais. Il participe à des jurys de festivals internationaux de cinéma et a été organisateur du Festival de cinéma de Reykjavík de 1989 à 1991. Ses romans sont traduits en Allemagne et au Danemark.
Lu dans le cadre du défi scandinave noir, en Islande proposé par Prune

4 commentaires:

  1. Je compte le lire bientôt : j'ai déjà lu les deux enquêtes précédentes. J'aime beaucoup les romans d'Indridason et de Thorarinsson.

    RépondreSupprimer
  2. Sharon et toi avez chroniqué le même auteur en même temps et je dois dire que celui-ci me tente bien (mais je commencerai par le 1er, bien sûr !). Les qualificatifs que tu emploies (brouillardeux, dépouillé, minéral) me rappellent tout à fait l'adaptation que j'ai vue de La cité des jarres d'Indridason.

    RépondreSupprimer
  3. Merci de ton passage Sharon, cela fait plaisir de se sentir exister......

    RépondreSupprimer
  4. J'avais lu "Le dresseur d'insectes" et je n'avais pas trop accroché.
    Je préfère, de loin, Indridason.

    RépondreSupprimer