Héritiers maudits d'une féroce répression sexuelle qui s'est exercée trente ans plus tôt et a marqué leurs destins respectifs du sceau de la désespérance, quatre hommes liés par la fatalité du sang traversent la Méditerranée où s'écrit, sous le ciel algérien, l'ultime épisode de leur inconsolable désastre.
Sur un motif de tragédie antique, de crimes réitérés et d’impossible expiation, Kaoutar Harchi retrace, de la nuit d’une prison française à la quête des origines sous les cieux de l’Algérie, la fable funeste d’une humanité condamnée à s’entredéchirer dès lors que ceux qui la composent, interdits de parole ou ligotés par le refoulement de leur mémoire, sont rendus incapables d’exorciser les démons qui gouvernent leur chair animale.
« - Je te raconte tout ça pour que tu comprennes que j’ai besoin de le faire…Partir là bas, ce n’est pas simplement réaliser ses dernières volontés…c’est surtout me libérer et avancer ! »
L’ampleur du saccage…. Je dirais les saccages….saccages des corps, saccages des âmes, saccages des vies, saccages humains….
A lire le titre, à lire le mot de l’éditeur, à regarder la couverture terne, grisâtre, montant un enfant nu de dos maigrichon, penchant la tête de côté, il y avait de quoi avoir quelques à priori quant au contenu.
Le sujet est lourd, les paroles sont souvent insoutenables, les faits à peine croyables…
La construction de ce court, et c’est une heureuse initiative, et pesant roman, est chaotique, comme le sont les vies de nos 4 personnages. L’auteur saura, au fur et à mesure mettre en place un puzzle aux pièces complexes, tortueuses, mais qui finalement s’emboitent bien. C’est un des aspects du livre que j’ai apprécié.
La narration est une sorte de quatuor. Comme en musique où les instruments ont tour à tour la parole, Arezkisi le meurtrier, Larbi son tuteur, Ryeb le gardien de prison, et Riddah le directeur de prison ont leur propre partition à l’intérieur de laquelle le passé resurgit au détour de paragraphes.
De nos personnages qui au départ nous paraissent indépendants les une des autres, nous apprendrons, qu’ils sont liés entre eux par de terribles secrets, prisonniers d’une éducation où la tradition, les non dits, la violence sont les fondations.
Ce mode narratif multiple, chaotique correspond en tout point à l’atmosphère du livre.
L’auteur emmène son lecteur sur les chemins de l’enfance sacrifiée, de l’errance et de déracinement de l’étranger, du retour aux origines, de la destruction humaine inexorable.
En laissant décanter un peu , et en tentant de rassembler mes idées, mes réflexions, et finalement en y pensant souvent après, je me dis que c’est finalement ça un coup de cœur : un livre dont le sujet n’enthousiasme pas forcément mais qui laisse des traces, un livre que j’aimerais faire voyager, non pas pour le faire aimer, mais simplement le faire découvrir, pour faire parler ceux qui le liront, en bien ou en mal…car il en restera forcément quelque chose.
Kaoutar Harchi- Actes -Sud ( 17/08/2011)-120 pages
Née à Strasbourg en 1987, de parents marocains, Kaoutar Harchi, titulaire d'une licence de lettres modernes, d'un master de socio-anthropologie et d'un master de socio-critique est, depuis 2010, doctorante-monitrice à la Sorbonne, où elle assure des enseignements en littérature et sociologie. Elle vit aujourd'hui dans la région parisienne.
Elle est l'auteur des deux romans : Zone cinglée (Sarbacane; 2009) et L'Ampleur du saccage (Actes Sud ; 2011).
Elle est l'auteur des deux romans : Zone cinglée (Sarbacane; 2009) et L'Ampleur du saccage (Actes Sud ; 2011).
Tu parles très bien de ce roman, même si son sujet ne semble pas évident à première vue. Mais je ne sais pas si je me laisserai tenter, car je suis ce qu'on appelle une "âme sensible" quand il s'agit de maltraitance d'enfants... À moins que j'aie mal compris ton billet...
RépondreSupprimerC'est interpellant comme sujet et ton avis donne vraiment très envie de découvrir ce roman. Je le note.
RépondreSupprimerMerci
Décidément cette rentrée s'annonce pleine de coup de coeur!
RépondreSupprimerRecommandé par deux sites de vente de livres en ligne, c'est son petit nombre de pages qui me fait peur. J'ai bien, cette idée de livres qui ont besoin de mûrir dans la tête du lecteur avant de devenir un coup de coeur.
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