mercredi 11 janvier 2012

Nos silences

« Alors je suis partie, un peu comme on se lance sur une feuille blanche, avec en tête juste un mot qui inspire et l’espoir profond d’une lointaine écriture .J’ai quitté mon pays parce qu’il ne m’était plus supportable ni même possible d’y vivre. »
Parce qu’elle aura eu la force, et la possibilité de partir, c’est avec ses mots, et ceux d’une autre qu’elle brise le silence, les silences de toutes celles, victimes innocentes d’un conflit qui les dépasse et d’une idéologie assassine, qui ont été contraintes au silence et à la soumission.
Elles parlent à tour de rôle. L’une enseigne « une langue vivante dans un pays où l’on se mourrait », l’autre recevait cet enseignement, promesse d’une vie libre et meilleure. L’une s’est enfuie, l’autre a été rattrapée par les barbares. L’une est vivante, pleine de remords, de douleurs, l’autre n’est plus qu’une ombre.
Elles n’ont pas de nom, elles sont toutes celles réduites à se taire ici ou là, hier, aujourd’hui, et demain.
Cette femme que j’imagine douce a des poignards entourés de velours sous sa plume. Son écriture crie une révolte longtemps retenue, utilise beaucoup de langage du corps, comme si elle voulait donner encore plus de voix à ces corps violentés.
Ce livre m’a appelée, cramponnée. Il met en mots, les maux d’un pays qui n’a pas encore fait son inventaire. C’est avec la littérature, entre autre, que certaines voix se font entendre. Les éditions Elyzad, ont le courage d’offrir ces ouvrages là où la parole ne se libère pas encore facilement ; qu’elles soient encouragée à laisser parler celles et ceux qui ont à dire.
Merci à libfly qui m’a à nouveau fait ce cadeau.
Nos Silences a reçu le Prix Senghor du premier roman francophone 2010
Il a été crée pour distinguer et promouvoir des écrivains d’expression française qui ont réussi à créer, en utilisant la langue qu’ils ont en partage, « des œuvres de Beauté », chargées d’humanité, expressives d’un langage neuf et d’harmonies originales.

Nos silences, Wahiba Khiari
Elyzad (Juin 2009)
126 pages








4ème de couverture :
Algérie, années 1990. Elles ont été des milliers à être enlevées, violées, parfois assassinées, les filles de la décennie noire. Ces très jeunes filles, à qui l’on a demandé de pardonner, se sont tues et ont ravalé leur honte.
Tandis que résonne le cri de l’une d’elles, subissant l’horreur, la narratrice raconte sa culpabilité d’avoir choisi l’exil et trouvé le bonheur. Un récit fort et direct, où alternent deux voix de femmes qui prennent la parole, tel un devoir de mémoire, pour ne pas oublier toutes les autres.
L’écriture pour vaincre les silences. Un roman contre l’oubli.


A propos de l'auteur:
Wahiba Khiari est née à Alger en 1969. Après des études d’anglais, elle obtient le CAPES et enseigne dans un lycée proche de Constantine. En 1997, elle décide de quitter l’Algérie et s’installe en Tunisie. Elle s’inscrit dans un atelier d’écriture, devient responsable du rayon littérature d’une grande librairie de Tunis. Aujourd’hui mariée et maman de deux enfants, elle s’occupe de la communication de cette même librairie. Nos Silences (elyzad, 2009) est son premier roman.



Nouvel ouvrage lu à l'initiative d'Anne.

1 commentaire:

  1. "Des poignards enrobés de velours sous la plume" : tu en parles très bien, ça donne envie (je n'ai pas choisi celui-là, je viens de recevoir en second cadeau aussi "Salam Gaza", même éditeur)

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