mardi 12 juin 2012

La chambre des officiers


« Car moi, le mutilé de la face, je ne vieillirai pas. La guerre m’a fait vieillir à vingt-quatre ans. Je n’ai pas eu le courage de me suicider. J’ai eu le courage de ne pas me suicider. La rancœur, l’aigreur menacent. Je fais face à l’ennemi intérieur. »
Dans ce premier roman, Marc Dugain évoque ici un sujet mal connu, rarement évoqué, et qui tombe dans l’oubli avec les années. Il s’inspire largement de sa petite enfance passée au côté d’un grand-père lui-même « gueule cassée », pour nous parler du destin d’Adrien, jeune officier, grièvement blessé dès sa mobilisation lors de la première guerre mondiale.
C’est Adrien qui nous parle des cinq années passées à être soigné, réparé ; cinq années pour renaitre à la vie, cinq années pour redevenir homme, cinq années non pas pour oublier, mais pour se questionner, se souvenir, mais reconstruire avant tout ; et ce avec les difficultés que le retour à la vie civile impliquent.
Ce texte court m’a beaucoup touchée autant par son réalisme, que par la volonté de ne pas trop en montrer. Le destin de cet homme au mental fort et gai, au caractère pudique et confiant en la vie est mis en lumière avec sensibilité, une simplicité émouvante. Et dans cette noirceur, dans ce malheur, l’humour n’est pas absent.
Marc Dugain, évoque également en filigrane  le destin, lui aussi oublié de ces femmes de l’ombre qui ont mis toute leur âme dans l’accompagnement des soldats, souvent au prix de lourds sacrifices.

La chambre des officiers, Marc Dugain
  JC Lattès (1998)/ Pocket (décembre 1999)
181/171 pages



4ème de couverture :
En 1914, tout sourit à Adrien, ingénieur officier. Mais, au début de la guerre, lors d'une reconnaissance sur les bords de la Meuse, un éclat d'obus le défigure. En un instant, il est devenu un monstre, une "gueule cassée". Adrien ne connaîtra ni l'horreur des tranchées ni la boue, le froid, la peur ou les rats. Transféré au Val-de-Grâce, il rejoint une chambre réservée aux officiers. Une pièce sans miroir où l'on ne se voit que dans le regard des autres. Il y restera cinq ans. Cinq ans entre parenthèses. Cinq ans pour penser à l'avenir, à l'après-guerre, à Clémence qui l'a connu avec son visage d'ange. Cinq ans à nouer des amitiés déterminantes pour le reste de son existence...
 
A propos de l'auteur :
Marc Dugain est né au Sénégal en 1957. Après des études de sciences politiques et de finance, il a exercé différentes fonctions dans la finance et le transport aérien avant de se consacrer à l'écriture. La Chambre des officiers, son premier roman, paru en 1998, a reçu dix-huit prix littéraires, dont le prix des Libraires, le prix Nimier et le prix des Deux-Magots. Il a été traduit en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Adapté au cinéma par François Dupeyron, ce film a représenté la France au Festival de Cannes et a reçu deux Césars. Après Campagne Anglaise et Heureux comme Dieu en France, prix du meilleur roman français 2002 en Chine, il signe avec La malédiction d'Edgar un portrait fascinant de J. Edgar Hoover. En 2010, il réalise et porte à l'écran Une exécution ordinaire. Après un recueil de nouvelles salué par la critique, En bas, les nuages, Marc Dugain signe avec L'insomnie des étoiles son sixième roman.

Dans la catégorie Auteurs francophones du challenge d'Ys.

 Pour le challenge organisé par Anne .


8 commentaires:

  1. Décidément, je n'ai lu qu'un livre de Marc Dugain mais il faut que j'en lise d'autres. celui-ci m'attire, ainsi que son dernier.

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  2. Effectivement, La chambre des officiers est un excellent roman sur les souffrances dues à la guerre. L'humour aide à faire passer la noirceur du sujet avec brio.
    Un très bon choix.
    A bientôt.

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  3. Qu'est-ce que j'aime cet écrivain... Sa retenue, son art de s'intéresser à des destins mal connus (ou de toucher du doigt le mystère intime de personnages plus connus). Je n'en ai lu que trois et il me reste les pavés que sont La malédiction d'Edgar et Une exécution ordinaire. J'ai beaucoup aimé le film adapté de ce dernier. Et l'adaptation de ce premier roman aussi (tu l'as vue ?) Et en plus, ce qui ne gâte rien, je le trouve très beau et mystérieux, cet écrivain... (comapgnon de Fred Vargas !!)

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  4. Rien à ajouter par rapport au commentaire d'Anne...Je ne savais pas que c'était le compagnon de Fred Vargas.

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  5. J'avais beaucoup aimé le film! Pourquoi pas lire le livre un jour alors! Merci bien!
    Pauline,
    Entre Les Pages : http://areader.over-blog.com

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  6. J'ai lu ce roman en 2004, je l'ai beaucoup aimé.

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  7. J'ai vu le film en premier et j'ai été tellement enthousiasmée que j'ai enchaîné avec le roman. Les 2 m'ont vraiment touchée.

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