Étonnante rencontre entre Vollard, le libraire
original, et Éva, petite fille au destin funeste, un jour à la sortie de l’école.
A ces deux-là, ajoutons Thérèse la maman, elle aussi curieux personnage.
Ce livre,
est la rencontre de trois êtres esseulés, emmurés. Trois solitudes qui
provoqueront leur perte.
Éva la
petite, livrée le plus souvent à elle-même, privée de la parole à la suite d’un
tragique accident, et qui finira plongée dans un profond mutisme.
Thérèse,
seule à élever son enfant, mère lointaine qui se fuit autant qu’elle fuit sa
fille. Thérèse, la femme fantasque, qui n’ose ou ne sait pas parler à Eva alors qu’elle en a
cruellement besoin.
« Elle sait qu’on ne peut pas
laisser à l’abandon une fillette qui n’a au monde que sa maman. Elle fait ce qu’elle
peut pour se convaincre qu’elle est la mère d’une petite fille nommée Éva, il y
a dix ans. »
Et puis
Vollard, le libraire, réfugié lui aussi
dans la solitude des livres et des mots. Vollard, qui, tel un père de
substitution, aura les mots et les gestes à l’endroit d’Eva, et de sa mère.
En dépit de
la tristesse évidente de cette histoire, ce livre n’en reste pas moins lumineux.
L’écriture fluide et nerveuse sait se faire discrète pour laisser le lecteur se
délecter des mots, des évocations d’une région superbe qu’est la Grande
Chartreuse, et lui laisser le temps de se laisser aller, tout simplement.
La
tendresse un peu gauche et maladroite de
Vollard est touchante. De la même manière que l’est la désinvolture de Thérèse
qu’il m’a été impossible de blâmer ; peut-être parce qu’on ne sait pas grand-chose
d’elle. Alors que de Vollard, nous en savons plus, et que cela explique aussi
son univers si réduit.
Ce livre
tendre, triste, et sensible à l’extrême se lirait presque « clandestinement »
, pour coller à son atmosphère si particulière.
La petite chartreuse, Pierre Péju
Gallimard,
collection blanche (9 octobre 2002)/ Folio (février 2004) ; Prix du livre
inter 2003
182/
178 pages
4ème de couverture :
" Pour Vollard, Eva devenait la
petite Chartreuse. Silencieuse sans en avoir fait le vœu. La très pâle moniale.
L'enfant cloîtrée. L'enfant privée de voix et de joie, privée d'enfance. Mais
au fil de ces errances dans la Chartreuse, bizarrement, ce n'était pas le poids
écrasant et absurde de l'accident que Vollard ressentait en compagnie de la
petite fille, mais un inexplicable allégement, un soulagement, un apaisement dû
à ce rituel de marche lente, de silence, de contemplation de choses infimes.
Comment un si petit être, émettant si peu de signes, pouvait-il lui donner
cette impression de discret équilibre, de nécessité fragile mais heureuse? Le
sentiment confus que tout pouvait se résumer à ce va-et-vient entre la
librairie et l'hôpital s'intensifiait encore en passant, Éva à ses côtés, du
centre spécialisé à la nature sauvage. "
A propos de l'auteur
Pierre Péju,
origine lyonnaise, né en 1946, famille de libraires, études de philosophie à la
Sorbonne, Mai 68, collabore dès 1971 à divers journaux et revues, enseigne la
philo durant douze ans dans des lycées parisiens, avant de venir vivre au
Chevalon, près de Voreppe.
Il est
actuellement professeur au lycée international Stendhal, à Grenoble, et
directeur de programme au Collège international de Philosophie à Paris.
Il est
l'auteur de récits, contes et nouvelles (comme "Premiers personnages du
singulier"), d'un long roman de voyage ("La Part du sphinx"),
mais il est surtout l'auteur de textes littéraires dans lesquels le travail
d'écriture consiste à tresser notes autobiographiques et pensées rapides (comme
"Vitesses pour traverser les jours" ou "La Vie courante"
qui a obtenu en 1996 le prix Autres de Rhône-Alpes).
Pierre Péju
est aussi l'auteur d'essais sur le conte, sur le récit et surtout sur le
romantisme allemand.
Pierre Péju
a écrit des pièces de théâtre "radiophonique" diffusées plusieurs
fois sur France-Culture (dont "La Nuit", interprétée par Michaël
Lonsdale) et plusieurs de ses nouvelles ont été adaptées pour la scène.
En 1998,
Pierre Péju a publié aux éditions Gallimard "Naissances", puis en
2003 "La Petite Chartreuse" qui a obtenu le Prix du livre Inter.
Depuis ont paru "Le Rire de l'ogre" et "Coeur de pierre"
chez le même éditeur.
3 ème lecture pour le challenge de Zazy.
j'en garde un joli souvenir.
RépondreSupprimerMon préféré de l'auteur... j'ai lu ensuite le rire de l'ogre, qui m'a moins marquée...
RépondreSupprimerJe suis heureuse qu'il t'ait plu et tu en parles très bien, si bien que je vais le ressortir
RépondreSupprimerJe n'ai encore rien lu de cet auteur. Mais je vais rajouter ce titre sur ma liste de livres à lire.
RépondreSupprimerMerci et bonne journée !
Je l'ai lu il y a au moins six ans, quand l'incipit était tombé au brevet des collèges. J'en garde un bon souvenir.
RépondreSupprimerUn livre que j'ai en ma possession mais que je n'ai pas eu le temps de lire!
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé ce roman qui fût un véritable coup de coeur pour ma part.
RépondreSupprimerBon dimanche !