« J’ai oublié qu’une main peut
être encore plus large qu’un paysage. Elle extrait la solitude de mon corps. La
main de la soignante est la main de tous. »
« Je ne me souviens plus des
visages ni des paroles mais des mains qui ont soulevé mon corps. »
Il est situé
en bord de mer, il n’est en rien un hôtel (et pourtant, j’ai à de nombreuses
reprises fait le lapsus en voulant parler du livre), il s’agit d’un hôpital, où
l’on vient pour mourir ; mais il se dégage de cet endroit une impression de grande sérénité, un climat
d’accomplissement, comme une idée de dernière étape avant le grand paradis.
L’homme qui
s’exprime va mourir, il le sait, et, s’est dépouillé de tout le superflu pour
ne retenir que l’essentiel et en profiter pleinement. Tous ses sens sont en éveil,
et, au moyen de ses derniers, se livre au lecteur avec à la fois la pudeur de l’homme
blessé dans sa chair, et la totale confiance de celui qui n’a plus rien à perdre.
Comme notre personnage,
l’auteur, s’est aussi délesté de l’essentiel. Nous n’avons aucun repère
temporel ni spatial ; nous ne savons rien du personnage, de sa maladie, du
personnel qui l’accompagne nuit et jour dans son voyage. Tout au plus savons-
nous que c’est la soignante ; soignante dont on mesure la place
prépondérante pour lui.
Le langage
est ici prépondérant, très imagé. Les phrases se font courtes ; parfois
sans verbe. Tous les sens sont exploités, et en particulier celui du toucher.
Les sens ne sont-ils pas ce qui reste à l’humain quand le physique s’en est
allé ?
Par de
courts textes, notre homme laisse aller ses pensées, ses impressions, sa
perception des choses, et des lieux avec une certaine lumière, un détachement qui
ne laisse pas indifférent.
Pascal
Ruffenach aura évité toute dramatisation, et surtout tout jugement, et pousse
sans aucun doute à repenser la prise en charge de la fin de vie.
Une question
que je me suis posé : est-ce une utopie de l’auteur, ou bien l’expression
d’un vécu ?
L'hôpital maritime, Pascal Ruffenach
Seuil (5 Avril 2012)
155 pages
4ème de couverture :
Que nous
reste-t-il à la fin ? Que se passe-t-il quand un homme disparaît ? Où vont ses
souvenirs, les visages, les paroles, les silences qu’il a connus ? A l’hôpital
maritime des vies s’achèvent. Les paysages, les vivants et les fantômes les
veillent. L'Hôpital maritime est le troisième ouvrage de Pascal Ruffenach.
A propos de l'auteur :
Pascal
Ruffenach est directeur du département jeunesse des éditions Bayard. Il a
publié un premier roman, De ce côté du monde, chez Stock en 1997.
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