lundi 16 juillet 2012

Même en terre


« Même en terre, ne jamais abandonner un enfant. »
Il n’a pas de nom, pas d’âge. Nous n’avons aucun repère géographique. Tout juste savons nous, qu’il est jardinier, dans un cimetière municipal. Il s’affaire avec amour au fil des saisons à ces petites sépultures. Il les bichonne, plante, bêche ; donne à chacune un nom de fleur, pour ne pas qu’elles sombrent dans l’oubli. L’oubli…passé l’affluence des premiers jours, c’est  dans l’oubli que les sépultures finissent par retomber. Il réinvente une vie à chacun des enfants, quitte à dépasser les limites…
«  C'est le dernier jour de sa peine. (...) Il peut marcher librement entre les sépultures, prendre congé de ceux qu'il n'a pas pu emmener. »
Pourquoi fait-il tout cela ? Il faudra attendre les dernières lignes pour  tenter de percer le mystère de ce jeune homme que personne ne semble comprendre.
Loin de toute morbidité, Thomas Sandoz nous prouve que l’on peut parler de la mort et de sa matérialisation ultime que représente le cimetière sans verser dans le pathos, ni l’insoutenable. L’auteur ne manque pas d’ancrer son roman dans notre monde moderne : les pressions écologistes, l’hygiène des sols, la montée croissante des incinérations qui poussent notre jardinier à défendre «  ses enfants »
Un livre à lire doucement, une fleur à la fois, pour l’originalité de l’histoire, le questionnement qui s’invite à nous, pour la délicatesse de l’écriture. Un livre à lire, pour lire autre chose, pour le petit vent de folie s’en échappe, et, j’ose l’avouer, pour la beauté fascinante  des cimetières.

 
Même en terre, Thomas Sandoz
Grasset (Avril 2012)-1ère parution en Suisse en 2010 à 600 exemplaires (Éditions autre part)
177 pages

 4ème de couverture :
Solitaire, sans nom, presque sans mots. Jour après jour, saison après saison, il bêche, sarcle plante, dans le jardin un peu particulier dont il a la charge : l'allée E d'un cimetière municipal.
"E" comme "enfants".
C'est l'histoire d'un homme prêt à tout – y compris, peut-être, à l'impensable – pour ne pas laisser ses protégés dans les limbes du "pays des hommes couchés".
 
A propos de l’auteur :
Écrivain, épistémologue, docteur en psychologie, Thomas Sandoz, né en 1967, a notamment publié de la prose (Même en terre, La Fanée, Gerb, 99 minimes...), des essais (Histoires parallèles de la médecine, La vraie nature de l'homéopathie, En somme...) et des monographies (Allain Leprest- Je viens vous voir, Derrick- L'ordre des choses...). Il s'est aussi fait connaître par ses articles de vulgarisation scientifique et de critique de la culture pour différents journaux ainsi que par quelques pièces dramatiques. Il a reçu plusieurs distinctions, dont le Prix Schiller 2011 .

1 commentaire: