« Même en terre, ne jamais
abandonner un enfant. »
Il n’a pas
de nom, pas d’âge. Nous n’avons aucun repère géographique. Tout juste savons
nous, qu’il est jardinier, dans un cimetière municipal. Il s’affaire avec amour
au fil des saisons à ces petites sépultures. Il les bichonne, plante,
bêche ; donne à chacune un nom de fleur, pour ne pas qu’elles sombrent
dans l’oubli. L’oubli…passé l’affluence des premiers jours, c’est dans l’oubli que les sépultures finissent par
retomber. Il réinvente une vie à chacun des enfants, quitte à dépasser les
limites…
«
C'est le dernier jour de sa peine. (...) Il peut marcher librement entre
les sépultures, prendre congé de ceux qu'il n'a pas pu emmener. »
Pourquoi
fait-il tout cela ? Il faudra attendre les dernières lignes pour tenter de percer le mystère de ce jeune homme
que personne ne semble comprendre.
Loin de
toute morbidité, Thomas Sandoz nous prouve que l’on peut parler de la mort et
de sa matérialisation ultime que représente le cimetière sans verser dans le
pathos, ni l’insoutenable. L’auteur ne manque pas d’ancrer son roman dans notre
monde moderne : les pressions écologistes, l’hygiène des sols, la montée
croissante des incinérations qui poussent notre jardinier à défendre «
ses enfants »
Un livre à
lire doucement, une fleur à la fois, pour l’originalité de l’histoire, le
questionnement qui s’invite à nous, pour la délicatesse de l’écriture. Un livre
à lire, pour lire autre chose, pour le petit vent de folie s’en échappe, et,
j’ose l’avouer, pour la beauté fascinante
des cimetières.
Même en
terre, Thomas Sandoz
Grasset
(Avril 2012)-1ère parution en Suisse en 2010 à 600 exemplaires (Éditions autre part)
177 pages
4ème de couverture :
Solitaire,
sans nom, presque sans mots. Jour après jour, saison après saison, il bêche,
sarcle plante, dans le jardin un peu particulier dont il a la charge : l'allée
E d'un cimetière municipal.
"E"
comme "enfants".
C'est
l'histoire d'un homme prêt à tout – y compris, peut-être, à l'impensable – pour
ne pas laisser ses protégés dans les limbes du "pays des hommes
couchés".
A propos de l’auteur :
Écrivain,
épistémologue, docteur en psychologie, Thomas Sandoz, né en 1967, a notamment
publié de la prose (Même en terre, La Fanée, Gerb, 99 minimes...), des essais
(Histoires parallèles de la médecine, La vraie nature de l'homéopathie, En
somme...) et des monographies (Allain Leprest- Je viens vous voir, Derrick-
L'ordre des choses...). Il s'est aussi fait connaître par ses articles de
vulgarisation scientifique et de critique de la culture pour différents
journaux ainsi que par quelques pièces dramatiques. Il a reçu plusieurs
distinctions, dont le Prix Schiller 2011 .
Je le note car ton commentaire m'en donne l'envie
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