« Alors
j’ai décidé de tout raconter pour Sami. Pour qu’il sache. Parce que c’est vrai
que c’est important les mots, ça reste quand les idées s’envolent déjà. »
C’est Alya qui s’exprime tout au long de ce relativement
court roman. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’absence de chapitre, d’aération.
La lourdeur qui se dégage de ce roman n’en est que davantage accentuée.
Alya grave ses idées, ses sentiments, ses peurs sans
organisation ; tout est tel que cela lui vient, au jour le jour ; le
passé s’emmêle avec le présent, qui lui s’emmêle avec les espoirs futurs. La
confusion, s’ajoute à la lourdeur.
C’est l’écriture de Nina Bouraoui, belle, qui sauve
en quelque sorte, une lecture qui finit par devenir à mi-parcours de plus en
plus étouffante. Il est difficile de reprendre son souffle. Il est difficile de
reprendre la lecture, tant les points de repères manquent.
Il faut attendre un certain temps pour que la mise
par écrit des pensées d’Alya ne devienne évidente. C’est aussi lentement qu’elle
va évoluer, apprendre à dépasser la perte, à grandir, à absorber les épreuves.
Si le temps posé
par l’auteur semble cohérent, il n’en reste pas moins que pour le
lecteur, cela peut à la longue le fatiguer, voir l’écraser. Le roman aurait
gagné, à mon sens, en clarté et pertinence s’il avait été plus court. Il n’en aurait été que plus
percutant.
Sauvage, Nina Bouraoui
Stock (11 Mai 2011)
Sélection
pour le prix Océans 2012
240 pages
4ème
de couverture :
« À la fin des
années 1970, Sami, un jeune garçon, disparaît au centre de la campagne
algéroise. Pour ne jamais l’oublier, Alya, son amie d’enfance, écrit chaque
jour son histoire, leur histoire, réinventant le passé, fixant le présent,
temps de l’attente et de l’imagination.
Il
m’est difficile de savoir la personne que je suis mais il m’est facile de
savoir pourquoi j’écris. C’est arrivé en 1979. Dans les nuits algériennes où
mes rêves n’étaient plus des rêves d’enfant. C’est arrivé dans l’attente d’un
amour qui ne reviendrait pas. C’est arrivé dans l’espoir de devenir une
personne qui trouverait sa place dans le monde. C’est arrivé tous les soirs,
quand je regardais le soleil tomber derrière les plaines de la Mitidja. Chaque
fois je me disais qu’il emportait une part de moi-même. Tout tourne, tout
s’efface et tout recommence et je ne sais pas si l’on retrouve un jour ce que
l’on a perdu.
Sauvage
est le récit de cette année-là. »
Nina Bouraoui
A
propos de l’auteur :
Nina Bouraoui est née en 1967 à Rennes. Elle est
notamment l’auteur de La Voyeuse interdite (prix du Livre Inter 1991), Le
Jour du séisme, Garçon manqué, La Vie heureuse, Mes mauvaises pensées (prix Renaudot 2005), Poupée Bella, Avant les
hommes, Appelez-moi par mon prénom et
Nos baisers sont des adieux.
Pour le défi de la plume au féminin organisé par Opaline.
2/26 .... [B]
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