« Je voudrais me souvenir de toi comme de la
femme que tu étais avant que la maladie
ait commencé à tisser sa dentelle ajourée dans ton esprit, ne pas toujours
buter sur cette obscurité, sur le linceul grinçant de ta douleur et ta souffrance
infinie. »
Raconter
la déchéance de sa mère rongée inexorablement
par la maladie d’Alzheimer peut vite sombrer dans le pathos, le glauque,
ou au contraire dans le savant sans le moindre intérêt pour le lecteur qui
est abreuvé à longueur de journée d’une foule de détails et d’informations.
Presque
à bâtons rompus, avec des manières différentes, Erwin Mortier parvient à faire « la
de la poésie » avec un sujet qui d’ordinaire ne s’y prête pas vraiment.
Parce que les mots manquent à sa mère, l’auteur s’attache à mettre en mots
cette fin aux allures de parcours du combattant pour chacun des membres de
cette famille, et en particulier le mari qui assume vaillamment presque jusqu’au
bout.
Ce
texte, superbement traduit, émouvant, intériorisé, comme chuchoté, laisse
transparaître tout le désarroi, et la violence qui l’étreint ; mais de
manière contenue ; comme pour rendre plus acceptable cette désintégration
corporelle et cérébrale qu’il est si difficile pour tout un chacun d’intégrer,
ou d’imaginer.
Je
remercie les éditions Fayard pour l’envoi de cet ouvrage, et l’heureuse
découverte d’Erwin Mortier dont je suivrai avec attention les autres écrits.
Psaumes
balbutiés -Livres d’heures de ma mère, Edwin
Mortier
Fayard Avril
2013)
185 pages
4ème
de couverture :
«
Je m’imagine les entendre, les ravages
silencieux qui se propagent dans ce corps : des cordes qui sautent, des fils
qui cassent, des câbles qui craquent en chantant – le doux gémissement de
poutres qui s’affaissent. Ma mère, une maison qui s’écroule lentement, un pont
qui danse sous l’effet d’une secousse sismique. »
En
une succession de fragments somptueux, Erwin Mortier décrit le processus de
dégénérescence de sa mère. Pour celle qui était douée d’une grande sensibilité
musicale, il compose des psaumes « balbutiés » qui disent la douleur de voir un
être tant aimé perdre lentement son âme. Adieu vibrant à la mère, ce texte très
poétique nous parle aussi de la langue, de l’écriture et du métier d’écrivain.
A propos de
l’auteur :
Né
en 1965 près de Gand, en Belgique, Erwin Mortier est poète, romancier et
journaliste. Cinq de ses romans ont déjà été publiés en français, dont Marcel
(Prix de traduction Amédée Pichot) et Sommeil des dieux, récompensé aux
Pays-Bas par le prestigieux prix AKO.
Je te fais confiance !
RépondreSupprimerMerci !!
RépondreSupprimerJe te le laisse, même si c'est bien écrit
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