Une
fois n’est pas coutume, l’histoire commence par la fin, dramatique, triste, et
dans un protocole un peu désuet et snobinard pour le lecteur des années 2015.
Puis
nous repartons quelques années en arrière, pour comprendre ce qui nous a
justement amenés à la scène inaugurale.
La
littérature a beaucoup vantés les héros de la guerre, les résistants anonymes
et courageux, comme les collabos assumés. Que savons-nous de cette haute
société , cette aristocratie à côté des réalités, vivant dans son monde, suffisamment
pourvue pour ne pas trop souffrir les privations de la guerre , et ne se
sentant pas vraiment concernée par ce qui se passait autour d’elle, s’acoquinant
juste assez mais pas trop avec l’occupant pour continuer à festoyer sans être
inquiétée ?
Pauline
Dreyfus nous fait rentrer par la grande porte dans ce milieu frivole, futile
avec un ton ironique et sarcastique pour mieux nous faire comprendre ce que
furent aussi ces années- là dans le ce monde
–là. Comme le disait Brel, chez ces gens- là, tout se passe en famille, tout se
tait, tout se fait sous le manteau.
Pauline
Dreyfus s’attarde plus particulièrement sur Natalie de Sorrente, l’aristo dont
l’attitude et le comportement ne porte pas le lecteur vers l’épanchement, mais
qui finit presque malgré lui avec quelques soupçons d’empathie devant cette
descente aux enfers.
Le
beau monde n’a pas que des robes de grands couturiers dans ses placards ;
il y range aussi ses secrets, qui finissent tôt ou tard par enfoncer les portes.
C’est
une autre facette de la guerre que nous fait partager Pauline Dreyfus, dans un
roman alerte et mordant, et dont le titre donne une bonne idée de la frivolité
ambiante d’un certain milieu au passé pas très glorieux.
Ce sont des choses qui
arrivent, Pauline Dreyfus
Grasset, Aout 2014
230 pages
Finaliste pour le Prix du roman France Télévision 2014
4ème de
couverture :
1945.
Saint-Pierre-de-Chaillot, l’une des paroisses les plus huppées de Paris. Toute
l’aristocratie, beaucoup de la politique et pas mal de l’art français se
pressent pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme si élégante a
traversé la guerre d’une bien étrange façon. Elle portait en elle un secret.
Les gens du monde l'ont partagé en silence. « Ce sont des choses qui arrivent
», a-t-on murmuré avec indulgence.
Revoici
donc la guerre, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Natalie de Sorrente. À
l'heure où la filiation décide du sort de tant d'êtres humains, comment cette
femme frivole va-t-elle affronter la révélation de ses origines ?
Les
affaires de famille, ce sont des choses qu’on tait. La littérature, ce sont des
choses qu’on raconte. Dans ce roman où l’ironie est à la mesure du fracas des
temps, Pauline Dreyfus révèle une partie du drame français.
A propos de l’auteur :
Pauline
Dreyfus est née en 1969. Elle est l’auteur de Immortel, enfin (Grasset, 2012,
prix des Deux-Magots). Ce sont des choses qui arrivent est son deuxième roman.
Tu as donc commencé par celui-ci. Tant pis, je le lirai la semaine prochaine et avec le moral puisque tu l'as apprécié.
RépondreSupprimerJe l'ai grâce à ton billet !
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