Curieux
type que ce Meursault. Employé moyen, assez jeune, il ne ressent rien, n’éprouve
rien, ne se passionne pour rien, ne se rend compte de rien. Tout glisse sur
lui, rien ne l’atteint ; pas même la mort de sa mère qu’il va enterrer sans
état d’âme. D’ailleurs, possède t-il une âme, une conscience ? Vit-il ?
Mystère !! Aime t-il ? Rien ni
personne n’a de sens pour lui. Il est comme télécommandé, déconnecté de la vie
et de son environnement.
Dans
cette histoire, où finalement, il ne se passe pas grand-chose, où tout est sans
relief, on pourrait développer une sérieuse antipathie pour Meursault dont l’atonie
étonne, agace, révolte parfois. Au contraire, on finit par le prendre en
affection, d’une certaine façon. Il y a forcément une faille affective énorme
chez cet homme-là pour qu’il soit aussi handicapé des sentiments, et de l’affect.
Albert
Camus parvient, avec ce style dépouillé, son vocabulaire simple, et son absence
de grandiloquence à faire converger le lecteur vers un personnage auquel il
donne paradoxalement un certain relief, et qu’il réussit à rendre attachant.
L’étranger, Albert
Camus
Gallimard,
1942 ; Folio, 1971
185 pages
4ème de
couverture :
«Quand la sonnerie a encore retenti, que la
porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté vers
moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai
constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé
du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit
dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au
nom du peuple français...»
A propos de
l’auteur :
Albert
Camus est né en novembre 1913, en Algérie d'un père d'origine alsacienne et
d'une mère d'origine espagnole. Sa famille est de condition modeste. Il a un
frère aîné, Lucien.
Son
père, mobilisé en septembre 1914, est blessé pendant la bataille de la Marne et
meurt à Saint-Brieuc le 17 octobre 1914. Camus n'a donc pas connu son père. Dès
la mobilisation de son mari, Catherine et ses deux enfants vont s'installer
chez sa mère, à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt.
Albert
et Lucien sont plus éduqués par leur grand-mère, une maîtresse femme, que par
leur mère qui renonce à toute responsabilité en raison de sa quasi-surdité et
d'une difficulté à parler.
A
l'école, son instituteur, Louis Germain, le pousse à passer le concours des
bourses: il pourra ainsi poursuivre des études au lycée et à l'université. Il
lui en garde une telle reconnaissance qu'il lui écrira une lettre lorsqu'il
recevra le Prix Nobel de Littérature en 1957 "pour sa production
littéraire importante, qui avec ardeur lucide éclaire les problèmes de la
conscience humaine en notre temps".
Journaliste,
écrivain, passionné de théâtre, il marque la vie culturelle française, mais
aussi la vie politique de 1936 à 1960. Comme tous les Français d'Algérie, il
est traumatisé par la guerre d'Algérie dont il ne verra pas le dénouement
tragique.
Le
4 Janvier 1960, lors d'un trajet en voiture avec son éditeur Gaston Gallimard,
il trouve la mort en percutant un arbre.
Un auteur que j'ai découvert il y a peu, avec l'étranger, un roman que j'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerhttp://itzamna-librairie.blogspot.fr/2014/01/letranger-albert-camus.html
Je l'ai relu il y a peu de temps en BD, très fidèle. Et j'ai très envie de lire Meursault contre enquête. D'ailleurs, je crois que Nath me l'a programmé en LC pour début avril
RépondreSupprimerJe me souviens n'avoir pas du tout accroché avec Camus quand j'étais au lycée. Manque de maturité peut-être ? J'envisage parfois de retenter l'expérience.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ton avis qui résume très bien ce livre !
RépondreSupprimerBonsoir ! :)
RépondreSupprimerIl y a quelques temps, tu as eu l'occasion de participer à mon challenge lire un classique tous ensemble.
Je reviens vers toi ( très tardivement ...) pour t'annoncer l'avis global qui est ressorti de la lecture.
A très bientôt je l'espère.
Wolkaiw
Bonjour,
RépondreSupprimerEt oui ce livre, où le personnage de Meurseult semble plat, a laissé tellement de traces dans la littérature que beaucoup de romans contemporains ont un style qui s'inspire de celui d'Albert Camus ...