Ecrit
en pleine guerre, cette fresque familiale retrace le parcours "heureux"
d’une famille juive berlinoise durant la montée du nazisme.
Je
dis « heureux", parce que contrairement à d’autres ces personnes ont
senti très vite qu’il fallait partir, quitte à tout laisser derrière soi, et
recommencer ailleurs, dans un environnement pas forcément très amical à leur
encontre.
Israël
Joshua Singer montre le cheminement de ces juifs en perpétuel équilibre entre
la fidélité à leurs racines et leur culture d’une part, et le profond désir d’intégration
à la société allemande jusqu’à s’y fondre, d’autre part.
Il
montre bien les différences entre génération quant à leur mode d’intégration. Le
désir d’assimilation est parfois tant poussé à l’extrême que les générations
suivantes en arrivent à ne plus parvenir à se situer. C’est la troisième
génération qui paie au prix fort la montée du nazisme et des humiliations qui
vont avec, créant une jeunesse révoltée, en perte de repère et particulièrement
marquée.
Tel
est Jégor, le sacrifié de cette Histoire. Celui qui interpelle le plus le
lecteur. On ne parvient pas à se faire une opinion définitive sur ce jeune dont
on approuve ni les choix ni mes comportements, tout en les comprenant au regard
de ce qu’il vit alors que fragile et
sensible à l’extrême, il traverse une adolescence dans un pays profondément
imprégné d’antisémitisme.
L’auteur
montre que le déracinement ne bouleverse
pas forcément les anciennes générations, qui regorgent de trésors d’adaptabilité,
et de foi en l’avenir.
En
cela, Israël Joshua Singer est d’une incroyable modernité.
Son
écriture est à la fois élégante, pleine d’allant. Elle s’avère très agréable à
lire.
La famille Karnovski,
Israël Joshua Singer
Denoël, Octobre 2008
(1943 pour l'édition originale)
690 pages
4ème de
couverture :
Dans
la grande tradition du roman familial La Famille Karnovski retrace le destin de
trois générations d'une même famille juive après qu'au début du siècle dernier
l'aïeul, David Karnovski, las des traditions, décide de s'émanciper en quittant
son shtetl de Grande Pologne pour rejoindre la société juive assimilée de
Berlin. Adepte de Mendelssohn et de ses idéaux, il cherche à inculquer à son
fils Georg Moïse les valeurs de la haskala : «juif parmi les Juifs et allemand
parmi les Allemands». D'année en année, les Karnovski s'ancrent un peu plus
dans la culture de leur pays d'élection. Et pourtant, chaque épisode de la vie
de cette famille questionne sa place dans leur société d'adoption. Alors que la
peur et les humiliations s'installent, qu'adviendra-t-il de Jegor, le
petit-fils né dans l'Allemagne nazie d'un père juif et d'une mère aryenne?
Publié
en 1943 alors que les nazis massacrent les communautés juives en Europe, le
roman de Singer, inédit en français, est hanté par cette tragique conjoncture
et par la volonté, qui traverse son œuvre tout entière, de démêler le complexe
destin de son peuple.
A propos de l’auteur :
Israel
Joshua Singer( 1893-1944), écrivain yiddish, était le frère ainé et mentor de
Isaac Bashevis Singer.
Né
d'un père rabbin hassidique et d'une mère fille de rabbin, il grandit à
Varsovie où son père était un leader spirituel. Il s'émancipa de la tradition
familiale et s'intéressa à la vie artistique prolifique en Pologne à cette
époque. À partir de 1916 Singer devint journaliste dans la presse yiddish
européenne, successivement en Ukraine pour le journal Di Nye Tsayt (Les temps
nouveaux), puis à Varsovie au Literarishe Bletter puis la revue Khaliastra. En
1921 il devint correspondant pour le journal américain The Forward. En 1934 il
quitte la Pologne et s'installe à New York.
14/24
Pour le challenge de Bianca.
Pour le challenge de Brize.
pourvu qu'il soit à la biblio !
RépondreSupprimerIl m'a l'air très intéressant, et j'aime beaucoup la couverture !
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout, mais ton billet donne envie d'aller y voir de plus près !7
RépondreSupprimer(et tu m'as fait peur avec tes 590 pages : j'allais te dire que ça ne collait pas pour le challenge, mais tu as juste fait une faute de frappe, puisque le roman fait 690 pages, comme tu me le disais d'ailleurs en reportant le lien sur la page récapitulative)