« Elle
les déteste tout le temps, tous. Mais ça aussi c’est la vie, elle n’a pas eu le
choix. Maintenant qu’ils sont là. Parfois elle se dit qu’elle aurait dû les
noyer à la naissance, comme on le réserve aux chatons dont on ne veut pas ;
mais voilà il faut le faire tout de suite. Après c’est trop tard. Ce n’est pas
qu’on s’attache : il n’est plus temps, c’est tout. »
Nous
sommes Patagonie, au siècle dernier. Au milieu de nulle part, dans une estancia
où le temps semble s’être figé, et l’on survit plus qu’on ne vit, la mère- c’est
ainsi qu’on la nomme une bonne fois pour toute- s’acharne à faire vivre cette
exploitation où l’on élève vaches et mouton.
La
mère a eu 4 fils : les ainés qui sont jumeaux-Mauro et Joaquin-deux brutes
épaisses, des durs à la tâche, deux tortionnaires imprévisibles ; Steban,
dit le débile parce qu’il ne parle pas ; et Rafael, dit le petit, celui
dont personne ne voulait, sur lequel les ainés s’acharnent, et vit à l’écart de
tous pour se protéger du mieux qu’il peut.
« Qu’ils
l’adorent ou la haïssent, selon les jours et les humeurs, la mère est la femme
sacrée. »
Il
y a bien eu un père…. Mais la mère s’en est vite débarrassée, un soir où il
était rond comme une queue de pelle.
C’est
que la mère ne crache pas non plus sur le whisky. D’ailleurs chaque mois, elle
va à la ville, et en profite pour aller picoler et jouer…
Sauf
qu’un soir, ruinée, elle n’a pas d’autre choix que de vendre un fils ! Ce
sera Joaquin, le moins costaud des jumeaux…
La
suite, n’est qu’une longue et terrible descente aux enfers dans cet univers
aussi hostile que désolé et cruel.
Il
reste la poussière est un quasi huis-clos oppressant où le lecteur est très
vite embarqué pour un voyage dont il n’imagine rien et qui va le ferrer jusqu’au
bout.
C’est
fort, cruel, et terriblement addictif ! Son écriture a la sècheresse des
grandes étendues de Patagonie.
Si
l’on fait un long bout de chemin avec des monstres, on y aperçoit au bout de ce
même chemin une petite trouée de ciel bleu et une petite raison d’espérer !
Il
y a 3 ans, après avoir découvert Des nœuds d’acier j’écrivais
« Voilà une nouvelle venue dans ce monde fascinant du roman noir qui ne
passe pas inaperçue, et qu’il faudra surveiller de près. »
Si
Un vent de cendres m’avait un peu laissée sur ma faim, son quatrième roman tient toute ses promesses et prouve que
Sandrine Collette a toute sa place dans l’univers du roman noir !
Il
reste la poussière, Sandrine Collette chez Denoël,collection sueurs froides
(Janvier 2016,300 pages)
Née
en 1970, Sandrine Collette est docteur en science politique.
Elle
partage sa vie entre l’université de Nanterre et son élevage de chevaux dans le
Morvan.
"Des nœuds d’acier" (Denoël, 2013) est son premier roman. Il obtient le Grand
Prix de littérature policière 2013.
En
2014, elle publie son second roman: "Un vent de cendres" (chez
Denoël) qui revisite le conte La Belle et la Bête, "Six fourmis
blanches" en 2015 et "Il reste la poussière" en 2016.
Challenge Petit bac chez Enna : Phrase (ligne 4)
Un vent de cendres ne m'avais pas franchement convaincue donc là tu me donnes envie de retenter avec Sandrine Collette !
RépondreSupprimerTout comme toi, j'avais été bluffée par Des noeuds d'acier, et déçue par Un vent de cendres. Je vais me précipiter sur celui-ci!
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