Depuis
son premier roman, Sandrine Collette fait partie des incontournables d’une
rentrée littéraire ; d’emblée elle dégage quelque chose de puissant dans
ce qu’elle a à nous raconter. Et ses lecteurs savent à quel point ses histoires
sont dures, et son univers particulièrement noir. Jusqu’où peut-elle aller ?
Moe
est une jeune fille sans histoire de Polynésie
française. C’est en avançant dans notre lecture que l’on parvient mieux à
situer dans le temps cette histoire, et d’affirmer que cette fois Sandrine
Collette est dans l’anticipation.
Moe
va faire ce qu’on appelle la mauvaise rencontre au mauvais moment. Elle suit en
métropole son amoureux du moment ; petits boulots sur petits boulots, un
bébé, et les coups qui s’abattent sur elle. Puis il y a la fuite pour un monde meilleur ;
en fait ce sera la Casse, sorte de camp retranché pour "cas sociaux"
où les chambres sont remplacées par des épaves de voiture. Chacun sait quand il
y rentre ; pour ce qui est de la sortie, l’espoir fait vivre…
Moe
est vite intégrée par 5 femmes qui ont toutes un passé, un parcours chaotique.
Dans
cet univers glauque, et où la violence est la norme, Moe et son bébé vont
trouver une forme de "havre de paix" contrastant furieusement avec
leur proche environnement. Chacune fait bloc autour de Moe qui est la fragilité
même. La solidarité, l’entraide, la cohésion entre elle permet à Moe de garder
espoir, mais à quel prix, et pour quel résultat ?
Ce
dernier roman de Sandrine Collette est sans aucun doute le plus noir, et le
plus violent ; celui où la désespérance est plus criante que jamais. Et
pourtant, nous ne serons pas au bout de nos surprises, tant au fond de nous la
fin est évidente.
Et
pourtant, Sandrine Collette est parvenue à faire rentrer la lumière dans cette
jungle aussi hermétique, et dans ces cœurs cabossés.
Et
puis, il y a ce style, ces phrases et ces mots qui frappent, et qui claquent. C’est
âpre et dur comme la Casse.
Quand
je disais de Sandrine Collette qu’elle était incontournable, ce dernier opus en
est la preuve tant par la maitrise de l’écriture, les émotions qu’elle suscite,
et sa capacité de renouvellement.
L’avis
de Jostein qui m’a fait le plaisir de cette lecture.
Les
larmes noires de la terre de Sandrine Collette, chez Denoël (Février 2017,336
pages)
Sandrine
Collette (née en 1970) passe un bac littéraire puis un master en philosophie et
un doctorat en science politique.
Elle
devient chargée de cours à l'Université de Nanterre, travaille à mi-temps comme
consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines et restaure des maisons
en Champagne puis dans le Morvan.
"Des
nœuds d’acier" (Denoël, 2013), son premier roman, obtient le Grand Prix de
littérature policière 2013.
En
2014, elle publie son second roman "Un vent de cendres" (chez Denoël)
qui revisite le conte La Belle et la Bête.
On sent qu'il t'a touchée! Et en te lisant, l'histoire de Moe me percute à nouveau.
RépondreSupprimerUne auteure qui progresse au fil des romans